dimanche 29 janvier 2012

La société du risque

L'un des débats que les écologistes ont voulu mettre en avant dans la campagne électorale en cours en France est celui du nucléaire, posé en terme assez fermés : faut-il sortir du nucléaire ?

Tout responsable politique est interpellé sur cette question et prié d'y répondre. Je laisse de côté le fait qu'une réponse positive est l'attente des mêmes écologistes et qu'ils ne se gênent pas de dire, assez péremptoirement, que c'est une réponse qui va de soi.

Toutes les réponses évidentes me gênent. Tous ceux qui veulent me convaincre qu'il en est ainsi, sans qu'il soit besoin d'y réfléchir ni d'argumenter, me soumettent à un bizutage, à une forme de harcèlement.

Quand on pense écologie, on pense nature, naturel, écosystèmes. Est-ce que la nature est un univers sans risque, où le risque est évité par le fonctionnement même du monde dans lequel nous vivons, encore pour quelque temps ;-), immergés ? Non, je ne crois pas. La nature est pleine de bruit et de fureur, de catastrophes qu'on dit naturelles, d'orages, de pluies diluviennes, de typhons, de tornades, de crues, de raz de marée, de bombardements de rayons  ionisants et de particules venues de l'espace, de tremblements de terre et de bombardements par des astéroïdes.  Sans parler du big bang ou de son origine !

La nature, c'est-à-dire le vivant, s'est adapté à tout cela, ce qui veut dire qu'il l'a intégré dans son fonctionnement même, pour y survivre et se construire ou se reconstruire en s'appuyant sur ces évènements. Que serait un forêt sans incendies de forêt, l’agriculture sur les pentes des volcans sas les éruptions passées, les mammifères sans la météorites qui a détruit les dinosaures ?  Que serait notre société si les vieux ne mourraient pas pour laisser la place à leurs enfants et leurs petits enfants ?

Donc, le risque et le danger font partie de la nature.  La nature n'existe que parce qu'elle se renouvelle, régulièrement et violemment. Ce n'est donc pas de ce côté-là qu'il faut chercher les évidences contre le nucléaire que mettent en avant les écologistes.

C'est la société donc, en tant que construite contre la nature, qui demanderait d'être protégée du risque.

Mais la société est-elle douce à ses concitoyens ? Nul ne doute qu'elle doivent les protéger, mais doit-elle le faire de façon passive ou active ? Doit-elle le faire avec douceur ? Doit-elle le faire toujours et avec la même intensité ?

Tous les parents savent qu'ils ne peuvent pas tout apprendre à leur enfants et que tomber en apprenant à faire du vélo est la meilleure façon d'acquérir cette compétence. Si ils sont trop proches d'eux, trop longtemps, ils les étouffent ou déclenchent des réactions de rejet.

Faire vivre et progresser une société, c'est largement plus complexe que d'élever des enfants. C'est en particulier faire des choix, voulus ou pas par les dirigeants, et donc gérer des tensions et des contradictions. Les crises sociales ou la guerre sont celles dont nous avons le plus conscience aujourd'hui dans nos pays riches, mais, tout au long de l'histoire, on était confronté à des évènements d'encore plus grande échelle, comme des famines, des extinctions de populations, une pauvreté omniprésente. 

(à suivre, mais plus le temps de continuer maintenant).