mercredi 7 mai 2014

Hollande bashing

Je n'arrive pas à comprendre ce qui est arrivé à Hollande ! 

Peut-être rien du tout ? Les sondages, les émissions de TV ou des plateaux constitués toujours des mêmes gens dissertent une réalité française, qui les fascinent et les obsèdent, mais qui n'a pas grand chose de réel, de concret, de solide ? Que sa popularité soit à 18% ou à 50% n'a pas grande importance ? les lois sont votées, les fonctionnaires et les retraites sont payés, la machine économique tourne, au moins aussi bien que dans un pays sans gouvernement, cf. la Belgique il n'y a pas si longtemps ! N'est-ce-pas ?

L'explication favorite des journalistes est qu'il n'a pas su construire un récit pour se raconter aux français. Lesquels, perdus sans une histoire à attraper par la queue et suivre, l'ont abandonné. 

"Et il n'a pas tenu ses promesses" ! Le Monde d'hier à testé cette hypothèse et comparé ce qu'il avait annoncé dans sa tirade "moi, Président" dans son émission face à Sarko. Et bien si, il les a tenues à 90%. L'écart, c'est le reprise économique, qui tarde, et le chômage, qui mécaniquement ne baisse pas. C'est vrai qu'il s'était un peu légèrement engagé à ce que la courbe de chômage baisse fin 2013 et que ça n'a pas été le cas en apparence, bien qu'en pratique, sur les données révisées de l'INSEE, ce soit plutôt le cas. 

Mais la machine médiatique a rendu son verdict, en mêlant le martèlement de ses annonces avec les sondages, dans une boucle d'effet Larsen, qui emballage le système. De sorte que le jury revient de sa délibération avec cette calamiteuse popularité à 18%, sans avoir posé la moindre question pertinente, et sans que Calvi ou Pujadas, ces animateurs histrions, qui se font appeler journalistes, ne semblent s'interroger sur la nature de ce qu'ils disent et de son rapport à la réalité. "Le lien entre le Président et les français s'est brisé !" Tout est dit. C'est vachement clair et concis !

Les questions qu'on ne s'est pas posées sont pourtant simples, elles aussi.

Pourquoi l'économie tarde-t-elle à redémarrer ? Particulièrement en Europe ?  Lisez Krugman, mon prix Nobel d'économie préféré, il donne l'explication depuis 2008, sans varier bien qu'il prêche dans le vide : l'économie est en manque de demande, parce qu'on a éteint, consciencieusement, tous ses moteurs, consommation, investissements industriels et dépense publique. Les plans de rigueur, imposés par l'Allemagne, si, si !, ont étouffé la machine économique. On a été le plus systématique dans ce domaine en Europe, et c'est pour cela que l'Europe est à la traine. Pas à cause de quelque pêché originel de l'institution européenne.

Et pourquoi la France est-elle à la traine en matière de reprise derrière les autres pays de l'UE, qui ont avalé leur huile de ricin avant nous ? Parce qu'ils ont assaini leur machine économique, structurellement, nous dit-on !  Que nenni ! C'est tout simplement parce que la rigueur les a tellement diminués, mis mal en point au prix d'une paupérisation dramatique, qu'il faut bien qu'ils finissent par reprendre le chemin de la croissance. Une balle qui tombe finit toujours par rebondir, même si elle est passée par la fenêtre et tombé 29 m plus bas qu'il n'eut été nécessaire !  Il va en falloir des années pour rattraper la richesse perdue ! Mais les indicateurs dont on parle, c'est la croissance, pas le niveau où l'on se trouve. Encore des animateurs de télé qui se prennent pour des journalistes, ou, pire, pour des économistes, sans oublier l'ineffable m. Coppé !! Plus les services économiques de Bruxelles et les billets de quelques secondes des journaleux de télé qui donnent le dernier mot de l'histoire, d'ailleurs jamais exactement ka même, soir après soir, dans ces explications définitives pour le non peuple un peu débile des auditeurs. 

Dans cette machine a penser de travers, mais à tout expliquer, ad nauseam, tourne, bien huilée aux sophismes, aux méthodologies de com et pas d'analyse, ni d'information. Les Grecs et les Espagnols passent à ka punition, les français se croient bien plus mal en point qu'ils ne sont et le coupable de tout cela, le bouc émissaire rondouillard et idéal, c'est François Hollande.

Et le gagnant, le 25 mai, sera Mme Le Pen et ses frères crypto-fasciste des autres pays de l'UE.

Hier, je suis allé écouter une conf à l'académie royale de Bruxelles sur le GIEC et son dernier rapport sur le climat. Un exposé limpide de van Ypersele, vice président du GIEC, s'appuyant sur les résultats plus-que-clairs mis en graphiques per cette institution, qui annoncent presque clairement cette fois, qu'on se précipite dans le mur, qu'on est vraiment mal barrés, pire que mal en point ! Désolé, Mélissa ! Question normale du public, d'ailleurs essentiellement des seniors, comme si le sort de la planète les concernait personnellement: en face d'un dossier aussi clair, pourquoi le monde politique ne fait-il rien ? 

Pourquoi veut-on redémarrer l'économie en l'étouffant ?

C'est la même question, et la même réponse : l'homme en société est un bœuf !