Le monde de 2014
trouve son origine dans 400 ans d'histoire, telle qu'elle a été vécu en Europe
et dans ses satellites culturels que sont les Amériques, l'Afrique du Sud ou l'Australie.
Presque tout a
commencé avec le traité de Westphalie, en 1648, qui a mis fin à la guerre de
Trente Ans et à l'ordre international issu du Moyen Age - celui qui avait court
auparavant en Europe, où les pays étaient inféodés à de grandes familles
régnant sur des territoires aux frontières changeantes et conduisant des
guerres sans fin pour en modifier les contours. Les nations modernes en sont
issues, telles qu'on les conçoit encore aujourd'hui dans le cadre des Nations
Unies, donc avec des frontières bien définies, plutôt stables, et des relations
internationales en principe elles aussi assez stables.
Ce modèle européen
a été exporté dans le monde entier avec les différentes vagues de colonisation
du XVIe au XIXe siècle, puis avec les guerres mondiales qui ont conduit à la
création de la SDN et de l'ONU, pour éviter d'autres guerres, et donc à la
fondation d'un ordre international fondé sur des nations à la westphalienne, puis
enfin avec la décolonisation et ses avatars postcoloniaux qui ont achevé la
mise en place d'une carte des nations.
Une grande partie
des conflits actuels s'explique en grande partie par l'inadéquation entre ces
frontières et les réalités culturelles et historiques locales, au Moyen Orient
comme en Afrique.
L'Europe, dont la
puissance a été fondée sur une avance technologique et donc militaire sur le
reste du monde, de César à Pisar et Cortès ou de Mussolini aux deux Bush, a pu
définir une série d'épistèmes technologiques qui organisent encore le monde aujourd'hui
- ce que certains appellent l'œuvre civilisatrice de l'occident.
Les choses sont en
train de basculer et, de fait, de rétablir l'état du monde qui existait avant l'an 1000.
Pour s'en
convaincre, on se réfère à la carte de la Figure
1, qui présente la
population mondiale telle que la projette des études prospectives de l'ONU pour
2300.
Il s'agit d'un scénario
tendanciel parmi beaucoup d'autres, dont l'horizon est tellement lointain qu'on
pourrait le qualifier de futurologie, mais il montre des tendances lourdes sur
lesquelles la plupart des experts s'accordent: l'Asie et, fait nouveau, l'Afrique
sont les continents qui domineront par leur population et aussi, probablement,
par leur puissance; l'Asie se résume à l'Inde et à la Chine, dans cet ordre;
l'Amérique s'est rétrécie, comme le symbolisme de la carte le montre, et
l'Europe garde son rang[1],
qui, en relatif s'amenuise à l'échelle du monde. La Russie, dans ce scénario, a disparu du
club des grandes puissances, comme le Canada, l'Australie ou l'Afrique du Sud.
Etc., mais il serait dangereux de lire trop de projections détaillées dans
cette simple carte, chargée de trop d'hypothèses.
Quo vadis?