dimanche 31 mars 2013

Crise économique ou crise intellectuelle et morale ?

Triste spectacle que celui de l'Europe, la région la plus riche et la moins inégalitaire du monde, qui restreint son bien être par des politiques économiques erronées et qui ne comprend pas que ce qu'il lui resterait à faire pour changer de destin.

La démocratie, sensée y être incarnée de dizaines de façons, ne permet pas de dégager les voies vers le salut et, au contraire, elle donne la parole à des groupes égoïstes et carrément pervers, qui sont à l'œuvre pour détruire et pas pour résoudre ni avancer.  Les solutions ont pourtant été exposées de mille façons et certains gouvernements ont compris comment les mettre en œuvre, mais le barrage de l'interpellation et de l'invective, avec sa haine ordinaire et son imbécilité profonde, pose les mauvaises questions et emmènent les peuples, pas toujours assez cultivés, sur des chemins de démagogie. Avec une certaine complicité de la presse en continu, dévoreuse d'information, même quand elle n'en contient aucune.

Les réactions à l'interview de François Hollande, qui ont paraphrasé son intervention d'un facteur 10 ou 100, l'ont démontré à l'envie en vivisectant le président sur mille points.

On lui a reproché de ne pas avoir vu venir la crise avec sa cruauté et sa durée :  en 2011, periode de campagne électorale, ceux qui avaient ce don de divination étaient assez minoritaires, mais, surtout, ils n'avaient  aucune notion de ce qui la terminerait (méthode Coué, l'année prochaine) et ils n'avaient pas tous encore compris que les mesures que l'Europe allait adopter ( les 3% de deficit) la verrouillerait dans cette crise.

On lui a reproché de parler de solutions, de boîte à outils, plutôt que d'espoir, de sang et de larmes : technicité contre pathos.

Et on a instruit un procès d'illégitimité de son pouvoir, depuis le back office de l'UMP et de ses alliés, de Borlo à Menanchon sans oublier Le Pen, et en commençant par l'interviewer, Pujadas aussi court intellectuellement que le sont ses jambes, qui lui a demandé à plusieurs reprises s'il mesurait combien les Français étaient en désamour avec lui.

Arrêtez, les gars. Il faut 9 mois pour faire un bébé et rien de sert de demander à la mère, à chaque jour de la gestation, si la naissance aura lieu le lendemain !  On ne peut pas gérer en quelques mois  une crise déclenchée au bout du monde par un manque de gouvernance crasse et dangereux du monde financier et qui s'est installée en Europe parce que les européens n'ont pas été au bout de la construction d'un état régional, commencée il y a 60 ans et restée depuis sur le métier.

La France n'y peut mais, seule, et la puissance que peut mobiliser le président de la France ne suffit pas à regler les problèmes en quelques mois.  Il faudrait le dire plus clairement ?

D'ailleurs, les opposants ne proposent rien, la plupart n'ayant rien fait pendant les 15 ans qui ont précédé et qui ont conduit en grande part à la situation actuelle : invective, demande de nouvelles élections (!!), carrément de démission.

On ajoute aussi sur la table cet étrange mouvement contre le mariage libre, ou des millions de gens (?) se déclarent agressés par une mesure qui vise simplement à permettre à des gens qui diffèrent d'eux d'accéder à leur part de bonheur.

La présence de chrétiens et même d'évêques dans ces cortèges est étonnante : le prochain des évangiles est là, devant eux, qui ne demande rien aux autres, sinon qu'on les laisse faire ce qui leur parait important pour eux-mêmes, et on l'agresse, on l'insulte, on l'accuse de mettre en cause les fondements mêmes de la famille, de la société.

J'ai écouté et lu les débats, dont certains sont menés par des intellectuels de bonne tenue, mais je ne comprends pas : la moitié des couples séparent leurs enfants de leur père ou de leur mère en divorçant; d'ailleurs assez peu de gens se marient en France aujourd'hui ; beaucoup d'hommes engrossent encore des femmes puis disparaissent; des couples se forment qui choisissent de ne pas faire d'enfants ou n'arrivent pas à en faire; beaucoup de seniors se remarient, qui n'ont aucune perpective de se donner une nouvelle progéniture !  L'idée que le mariage est complètement lié à la filiation n'a donc jamais complètement fonctionné en dehors des livres de droit !

Ces vociférants demandent donc aux homosexuels de se comporter comme une grande majorité d'hétérosexuels ne le font pas ! Au delà de l'hypocrisie, pour ceux qui se réclament de la foi chrétienne, c'est d'un schisme par rapport à ce que demande l'évangile, qu'il s'agit !! Il n'y a que l'amour, celui des autres, avant le narcissisme ou l'auto-érotisme même déguisé en masturbation intellectuelle !

J'aurais cependant moi aussi  un reproche essentiel à adresser à Hollande. Il a oublié la menace écologique qui avance pour nous broyer, le changement climatique, ou oublié d'en parler. Aucun de ses détracteurs non plus n'en parle. Le pouvoir économique n'en a cure, lui aussi, voir le fiasco lamentable de l'aventure ULCOS. ll y a quand même Hervé Kempf, qui l'a fait remarquer plusieurs après dans le monde !

Donc, si l'on n'y prend garde, la crise économique,  qui risque de s'éterniser plus longtemps que nécessaire, pourrait être résolue par la crise écologique. Pour le pire et certainement pas pour le meilleur.

Comme la météorite du Yucatán a réglé la crise liée à la domination de la terre par des dinosaures.



PS. Le débat sur le mariage pour tous a glissé vers celui sur la filiation. Les opposants se déclarant non pas opposés à ce mariage, vrai ou faux ça les regarde, mais aux conséquences sur la filiation que cela va entrainer dès que ces couples réclameront le droit d'avoir des enfants avec les conséquences que cela provoquera vis à vis de ces "nouvelles" familles.  Bouleversement des codes, des fondements anthropologiques (???) de notre culture et j'en passe. La loi semble vouloir redéfinir les notions de père et de mère et c'est là que le bat blesse. Il faudrait simplement complexifier un peu les choses pour que la difficulté disparaisse, un peu comme Letterman. Il y a d'une part les parents biologiques, connus ou inconnus, ou qui ne souhaitent pas l'être. Quand il y a mariage, l'époux de la mère est réputé être le père de ses enfants : c'était là une des forces du mariage, dans un contexte social où les enfants nés hors mariage étaient ostracisés (bâtard) et la mère aussi (fille mère); tout cela ayant disparu de nos sociétés modernes, il serait sûrement temps d'épousseter les concepts et les pratiques qui en dérivent !  Il y a d'autre part ceux qui sont investis de l'autorité parentale. Le plus souvent les parents biologiques, mais pourquoi pas les deux partenaires d'un mariage entre homosexuels : l'enfant aurait alors deux pères ou deux mères avec éventuellement un père ou une mère biologique connus ou non. Ce n'est pas plus compliqué que cela !







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