dimanche 17 novembre 2013

On en a ras le bol de ces émissions, talk shows, articles, premières pages, couvertures,  qui se répètent ad nauseam et qui discutent pour savoir si Hollande est nul, complètement nul or archi nul ! Et des sondages où "les français " répondent à des questions dont on ne nous dit pas grand chose mais qui brassent, semble-t-il, la même problématique.  15% d'opinions favorables au président !???

Pourquoi ne pas demander si Obama est nul, ou le président des Philippines, ou le ministre de l'environnement de la Pologne, qui reçoit en ce moment le COP 17 ? Évidemment on ne le fera pas, car tout cela nous éloignerait trop de notre nombril et des odeurs enivrantes qui s'en dégagent, beurk !

Vision tunnel, dégénérescence maculaire, narcissisme, nombrilisme, ethno-centrisme franchouillard, tout ce qui n'est pas moi ni français m'est étranger !

D'ailleurs, si on écoute ce que disent les français, on croirait entendre Bartleby : "I'd prefer not to!" Ne pas payer de taxe carbone, ne pas me lever le mercredi matin pour aller à l'école, ne pas partager Ma classe pour y laisser se dérouler des activités d'éveil, car ma classe est à moi l'instit, pas aux enfants ou à la commune, ne pas accepter la hausse de TVA (de 7,5 à 10%), mais porter des bonnets rouges, incendier des radars, mettre des notes à mon président, empêcher mes voisins homo de se marier, etc. Un ensemble à somme nulle - vraiment archi-nulle !

Ne rien décider et ne pas comprendre grand chose, mais vouloir son jouet tout de suite, ce n'est pas un soucis national majeur, non, non ! Les bons médecins sont là et accumulent des explications de cette explosion d'opinions contradictoires et incohérentes.  Explications sociologiques, psychologiques, psychanalytiques : "on ne nous pas assez bien expliqué", "le récit du président n'est pas assez clair".  

Il n'est en effet dit nulle part que l'on doive être intelligent ou capable de penser par soi-même.

Le changement climatique s'accélère, même si le réchauffement a légèrement marqué le pas, mais on me voit pas trop, là non plus. La presse a tellement pris soin de donner la parole à ceux qui sont pour et à ceux qui sont contre, fifty-fifty, c'est ça l'équilibre des sources (je donne la parole à Galilée et au tribunal de l'Eglise; Ponce Pilate redéfini comme modèle du fonctionnement de la presse !!!). 

Nous n'entendons hélas pas encore le bruit de nos petits enfants qui nous maudissent depuis le fin fond de l'avenir. Et puis, tout cela est anxiogène ! Donc contreproductif ! Donc, on n'en parle pas, le moins souvent en tout cas, ça n'accroche pas assez !

Amis journalistes, quatrième pouvoir beaucoup auto-proclamé, s'il vous plait arrêtez de me parler de moi, de ce que vous pensez que je veux entendre. Ne faites pas comme Tadei, qui rassemble des plateaux d'intellos mais à qui il pose les mêmes questions de gouttière que Yves Calvi à ses experts-toujours-les-mêmes abonnés à "C dans l'air". 

Parlez-moi de ce qui m'attend vraiment, de ce qui attend mes enfants, mes petits enfants. Écoutez simplement ce qui est dit sur ces sujets, le bruit est assourdissant, demandez moi, même à moi, de quoi il faudrait plutôt parler ! 

L'important ce n'est pas l'instant, le "j'aime" de Facebook, mais le "j'aimerais bien avoir un avenir" et y jouer une petite musique, modeste.

Jean-Pierre

Sortie de crise ?

1. la R&D européenne a été un élément important du dynamisme historique de la sidé européenne, à la fois pour le travail qui a été fait et pour le réseautage que cela a créé chez les "experts" européens.

2. la sidé européenne a eu pas mal de difficultés par le passé pour surmonter les crises, qu'elle a toujours commencé consciencieusement par nier. La crise de 1974, celle qui se surnommait la crise pétrolière, a accumulé une foule de problèmes : la fin des 30 glorieuses et donc de la phase de reconstruction de l'économie, très intensive en acier; le début de la globalisation des marchés de matière première et la fermeture à terme des mines europénnes, qui assuraient l'essentiel de la ressource en matière première avant; et l'aveuglement du patronat de l'époque par rapport à une situation qu'il jugeait provisoire et conjoncturelle et qui s'était rempli les poches sans préparer aucun avenir. La CECA n'est pas rentrée très vite dans le mode soins intensifs et la crise de cette époque a duré presque 20 ans (!!!, les émeutes de longwy !!) jusqu'à ce que l'état nationalise en France, puis louvoie et enfin passe la valeur des sociétés par zéro en créant et en mariant Usinor et Sacilor sous la houlette clairvoyante de Mer.  

3. pendant tout ce temps, où l'économie européenne consommait de l'acier mais en niant son importance, car les coûts de modernisation (coulée continue, métallurgie en poche, aciérie de conversion, hauts fourneaux fiables, trains à bande modernes, lignes à froid modernes et continues, etc.) avaient été nationalisés, on a continué à produire de l'acier en Europe, à faire de la bonne R&D, à ensemencer le monde avec nos technologies au travers d'un réseau de constructeurs universels dont il ne reste aujourd'hui (que) des allemands et des italiens.  La commission a un peu tenu la chandelle, tout en tenant des discours sur la post-modernité, les sociétés "soft" sans usines, sans pollution, etc. et avec des services... qui oublient ce qu'ils servent !!!

4. l'EU a l'air aujourd'hui de comprendre 1) que le monde est plus complexe qu'ils ne l'avaient cru, 2) que l'acier est probablement aussi important que le  graphème, 3) donc que la prospérité des européens (qui devient peut-être enfin un objectif, pas seulement la croissance) dépend des technologies de base (KETs) au coeur desquelles se trouvent des matériaux robustes, ancrés à la fois dans l'histoire et dans la modernité comme l'acier, et 4) qu'il faut réindustrialiser l'Europe.

5. pour la sidérurgie, ça me parait mal barré. On a bradé les usines à des groupes étrangers (des indiens, des russes, des fonds d'investissement américains) , dont la stratégie est faite ailleurs, sur un théâtre d'opération mondial ou régional, mais pas en Europe ! Ces groupes font de l'optimisation globale, genre fermer Florange après avoir empoché du chômage technique qui a permis de ne rien décider aux frais du contribuable français. On se balade toujours avec des surcapacités, que seul AM a les moyens de résorber car il a beaucoup d'usines, les autres risquant d'y laisser leur peau [cf. TKS, qui a manqué crever cet été et Riva, qui est sur le bord du gouffre, ou Salzgitter qui est aussi très gravement malade] et donc résistant becs et ongles. La notion de surcapacité n'est pas bien analysée, non plus que le niveau de production auquel on remontera après la fin hypothétique de la crise. Pourtant, c'est fondamental d'essayer et on ne manque pas d'études, qui s'y essaient et dont certaines mais pas toutes sont carrément à l'ouest...

6. question essentielle : est-ce qu'on continue à fermer de fourneaux en faveur de fours électriques ? En clair, est qu'on vise à utiliser à 100% notre ferraile, produite à rythme régulier voire accéléré (les lanceurs d'alerte crient au loup en ce moment, on laisse partir à l'exportation toutes nos ferrailles !), ou pas ? A mon avis, on n'a pas trop le choix et, comme on n'est pas prêt à passer au four électrique pour toute la production à haute valeur ajoutée, il faut continuer de la bonne R&D. Cf. la place que la CC de bande devrait prendre pour gérer le cuivre résiduel et la difficulté d'utiliser la CC de brames minces pour les AHSS (longeur des temps de mise au point et de validation des voies métallurgiques).

7. NdLR: les fours électriques construits dans les années 90 n'ont guère sauvé durablement la sidé, surtout en France !! Cf. la débâcle qu'on a appelée Gandrange ! Que les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets dans les années qui viennent !

8. la sidérurgie n'a un avenir que si la chaîne de valeur qui utilise l'acier comprend l'intérêt de disposer d'acier localement, le dit et agit par rapport à ce constat. Or, aujourd'hui, on dit n'importe quoi sur l'allègement des voitures par exemple, et je ne vois pas Renault ou PSA, encore moins BMW ou Daimler Benz, prêts à le faire ou simplement à le dire. Ces gens ont trop de problèmes existentiels liés à leur survie, à leur pérennité, pour voir plus loin dans la chaîne de valeur que des relations impitoyables de clients fournisseurs.

9. il faudrait que les états imitent les méthodes allemandes pour verrouiller le capital d'une boite ou que l'Europe s'en charge - aucune chance sur ce coup-là hic et nunc.  De toute façon, il est trop tard, sauf si les grands groupes s'en vont, découragés, comme AM semble tenté de le faire. Il faudrait accélérer la faillite de TK Steel Europe, reconstruire une sidérurgie italienne sans corruption (!!!), etc... Peut-être donner les clés du royaume à des gens comme voestalpine ou Dilling, à supposer qu'ils en aient envie et que leurs réflexes de petites boites hyper-efficaces puissent encore fonctionner à grande échelle.

10. la vraie sortie de la crise, ce n'est pas de sortir la trousse de secours et de coller des pansements partout, mais de repartir vers l’avant en prenant en compte le changement de paradigme, peut-être de Kondratief  en cours. Après en avoir fait un bon diagnostic. Cela veut dire que la sidé doit continuer à développer ULCOS en prévision du changement climatique déjà bien engagé et conserver le leadership qu'on a eu ou failli avoir dans ce domaine. Et développer la myriade de solutions-aciers liée à la transition énergétique, bien engagée aussi, mais sans clarté dans les directions où elle va... puisque chaque pays va dans sa propre direction à 90° des autres !

Résumé : ré-industrialisation, plus de centralisme de l'économie à laisser entre les mains des européens, recentrer l'économie sur le bien-être des gens, l'emploi, la lutte contre la pauvreté, et pousser les avantages innovants qu'on a ou qu'on va découvrir avec de la R&D bien vue. Donc, aussi, plus d'Europe et moins d'égoïsme et de crispations nationales.

(préparé pour de vraies réunions, importantes sait-on jamais !!)

lundi 28 octobre 2013

Xi'an, Sian, 西安


J'ai voulu démarrer ce blog on line quand j'étais encore à Xi'an, mais l'accès à Blogger est bloqué, en écriture comme en lecture. Ce que dit la presse occidentale sur l'interdiction de certains accès internet en Chine, dans le genre libre expression, se constate donc assez simplement !

Je voulais parler de cette semaine passée en Chine, sans intention de rien en dire de négatif ou de faux, a priori. Mais les censeurs chinois ne sont pas dans ma tête.

Le lieu est Xi'an, 西, la paix ou le calme occidental si l'on traduit le sens des caractères, une capitale provinciale de seulement 9 millions d'habitants.  Il n'y a que deux villes de cette taille en Europe !  La Province, c'est Shaanxi, 陝西, même Xi (西) que celui de Xi'an, qui veut dire l'ouest (le nishi japonais).  

Une ville du cœur de la Chine, donc loin des villes de l'est censées concentrer la croissance, la richesse découverte depuis le début du XXIème siècle et une classe moyenne affluente – telles qu'on voit les choses en Europe.  Xi'an est une ville moderne, qui n'a pas grand chose à envier à Beijing, Shanghai ou Hong Kong, sauf que la démesure en cœur de ville y est moindre : les immeubles ne concourent pas avec la tour Eiffel, malgré leurs cinquantaines d'étages[1], et il n'y en a aucun dans la "vieille" ville enfermée dans ses remparts, qui l'encerclent complètement.  Par contre, quand on la quitte, les tours se succèdent en rangs serrés, comme des forêts de crayons qui enveloppent la ville en anneaux sur une vingtaine de kilomètres, au moins.

Xi'an a été la capitale de la Chine, sous 18 dynasties nous disent les livres, mais je peine déjà à me rappeler les 11 principales d'entre elles (Xia[2], Shang, Zhou, Qin, Han, Sui, Tang Song, Yuan, Ming, Qing); les autres doivent se cacher dans les espaces de Calabi Yau des Royaumes combattants ou des Printemps et Automnes… Ce statut de capitale remonte aux siècles qui ont précédé et suivi l'an 0 sur des périodes énormes, plus de dix siècles.  Xi'an a été la plus grande ville du monde, au temps de notre haut moyen âge, avec un million d'habitants (sous les Tangs, aux VIIIème et IXème siècles).

Cette façon de suivre l'histoire de la Chine au travers les dynasties de rois et d'empereurs qui l'ont incarnée rappelle l'Egypte[3] avec laquelle elle partage l'émergence de ce qu'on appelait la civilisation, au temps où j'apprenais l'histoire à l'école.  Sans éclairer beaucoup sur la construction de la nation et sur le sens que ce concept a eu ou a encore dans ce pays. Mais on n'apprend pas la Chine en 8 jours, ni en dix fois 8 jours.

Le plaisir de venir en Chine, c'est de se plonger dans ce pays, mélange d'histoire très ancienne, de traditions et de modernité, et si plein de vigueur dans ces quartiers en ville qui semblent encore participer à la fois de la campagne et des siècles passés.  Des foules de gens qui vivent et travaillent dans la rue, pas qui y passent les écouteurs aux oreilles comme dans nos villes occidentales. Evidemment, il y a de ma part une recherche du pittoresque, du différent, de ce qui a disparu ailleurs, chez nous, car les quartiers modernes sont tout aussi peuplés de jeunes gens les yeux rivés sur l'écran de leur smart phone qu'ailleurs, image étonnante de la globalisation ou de la mondialisation.

Pas difficile de croire que la classe moyenne chinoise compte aujourd'hui 400 millions de personnes, autant que la population totale de l'Europe (507 millions). C'est cette création ex nihilo qui justifie les déclarations optimistes de l'ONU selon lesquelles la sortie de gens de la pauvreté est plus rapide qu'elle ne l'a jamais été, tellement rapide que cet objectif du millénaire a été atteint en avance du calendrier.  Une bonne chose pour la Chine elle-même, qui se transforme en réplique des Etats Unis urbains des années cinquante, le modèle d'urbanisme que le pays a choisi il y a 30 ans et qu'il a construit patiemment depuis sans moufeter, enfilant les périphériques les uns autour des autres – il y en a 6 à Beijing et 2 à Xi'an, et livrant ainsi la ville à la voiture.

Manque de pot, ce qui devait se produire s'est produit : les villes sont devenues d'immenses embouteillages à toute heure de la journée, même à Xi'an.  Et l'air, inodore et incolore est devenu visible et épais - sensible : une brume permanente, un smog qui ne laisse passer qu'une lumière jaune (attention au réglage de la température de couleur de votre appareil photo !)  enveloppe les villes, même quand le soleil arrive à percer et que le vent souffle. Il faut un typhon pour le nettoyer pour quelques jours ! Les écologistes parlent de 500,000 morts par an du fait de cette pollution, c'est cher payer pour sortir de la pauvreté !

Evidemment, la Chine diagnostique ses propres problèmes et réagit. A une vitesse assez surprenante. Xi'an, pays des autobus et des voitures, s'est dotée de deux lignes de métro automatiques, comme la ligne 14 à Paris – Beijing a 17 lignes construites et 7 encore en construction. Attendre, parfois, permet de bénéficier des dernières technologies et d'éviter les fautes faites par les autres.  Mais elle n'a pas encore tiré toutes les conséquences de ses  propres erreurs : les autoroutes urbaines surélevées, qui sillonnent Shanghai, ne sont pas encore transformées en jardin suspendus de Babylone, ce qu'apportera nécessairement la transition verte, volens nolens.  Voir de la même façon comment la Chine s'est dotée en quelques années du réseau de TGV le plus développé et le plus ambitieux du monde[4] (un modèle pour les Etats-Unis, retour d'ascenseur ?).

On doit envisager que la Chine va de la même façon décarboner rapidement son économie, même si elle a fait exactement le contraire jusqu'à maintenant, même si le travail paraît immense, vu par nos yeux occidentaux et au travers de nos refus, dans le monde industriel, d'en payer le prix pour nous mêmes.  Aujourd'hui, la Chine est devenue numéro un dans le monde en énergie renouvelables et il n'est pas impossible de penser qu'elle va aussi le devenir dans tous les domaines liés à l'environnement, y compris ses enjeux globaux.  Rien n'est sûr, mais vu la façon dont le pays fonctionne, encore très top down, malgré ses apparences de capitalisme débridé, on peut y croire.

L'autre grand étonnement, c'est la coexistence de systèmes de prix différents pour des services comparables. Un repas dans un hôtel chic vaut quelques centaines de Yuans[5], comme en Europe, ou aux Etats Unis. Un bon restaurant chinois, entre 20 et 50 yuans, un repas dans la rue quelques yuans. Certes ces "services" n'ont aucune rapport en terme de qualité, mais ils remplissent la même fonction, celle de nourri le convive.  Les pauvres peuvent manger, la classe moyenne, les riches et les touristes étrangers – ceux, la plupart, qui n'osent pas s'aventurer dans les gargotes.

La très grande majorité des chinois, les 800 millions qui ne font pas partie de la nouvelle classe moyenne, paie peu de chose.  C'est le reflet de leurs bas salaires, qui permettent à nos consommateurs d'acheter chez nous des produits très bon marché fabriqués en Chine. D'autant que les boites occidentales qui font fabriquer leurs produits ici, veillent à ce que les coûts ne soient pas trop élevés, ce qui maintient des horaires élevés, des conditions de travail discutables, des revenus plus que modestes.  Les syndicats en France parlent de dumping social.  Ce n'est pas faux, sauf que c'est un choix consensuel de la chaine qui va du producteur au consommateur. Il y a cinquante ans, on aurait parlé de colonialisme, d'exploitation des peuples colonisés.  Aujourd'hui, on parle parfois aussi de néocolonialisme, mais c'est un discours marqué de gauche ou d'extrême gauche.

Mais sur le fond, il y a une profonde dissymétrie entre des pays riches, où les niveaux de prix et de revenus moyens sont élevés, et des pays plus pauvres, où les niveaux de salaires sont bas mais où le cout de la vie aussi est bas. Les bas salaires en Chine sont bas, mais cela est en partie compensé par un coût de la vie bas. Si la Chine fait du dumping via ses bas salaires,  les pays riches font du dumping négatif en distribuant à leurs citoyens des revenus qui leur permettent de s'acheter le travail des plus pauvres. 

Il me semble que cette question est peu discutée. Il va en effet de soi pour tout le monde (presque?) que les pays pauvres doivent augmenter leurs salaires, mais la proposition contraire, baisser les salaires des riches, en abaissant en même temps l'ensemble du système de prix dans lesquels ils sont immergés, aurait autant de sens. Sens éthique bien sûr, car la mise en pratique n'aurait rien de très évident, hors crises mondiales absolument majeures.

Si on sent peu la pauvreté dans la ville, tellement les gens sont industrieux et semblent toujours trouver à travailler pour gagner leur vie, sûrement chichement, on rencontre des mendiants, peu nombreux pour des européens, mais assis par terre avec une sébile devant eux: des jeunes gens et des vieux. L'indifférence des passants est un autre aspect de la mondialisation !

Il faut aussi dire deux mots du dépaysement culturel, donc jouer au touriste:
  • ·      la beauté des caractères chinois, qui ressemblent un peu aux kanji japonais, ce qui permet de deviner ce qu'ils signifient, et qui décore le jour… et la nuit.
  • ·      les quelques traces d'histoire que la croissance urbaine n'ont pas effacées, comme les fortifications qui entourent encore le cœur de la ville.  On les parcoure en vélo. Les étrangers paient l'entrée beaucoup plus cher que les chinois, autre trace d'une double monnaie, comme ce dont rêve Chevènement pour les pays européens.
  • ·      et les mausolées des empereurs, dans leur démesure, où le souverain Qin Shi Huang (; 259 – 210 AJC) de la dynastie des Qin est enterré avec son armée, des milliers de fantassins de terre cuite et les cavaliers avec leurs chevaux ou les cochers avec attelages et chariots.  Le même empereur qui a construit la muraille de Chine (en fait en a unifié des fragments préexistants), unifié la pays pour la première, d'où son surnom de "premier empereur", tout en réalisant des autodafés et autres atrocités contre les savants.  La Chine moderne est fière de ce lointain passé, qu'elle fait sien en y lisant l'origine de la nation chinoise il y a 22 siècles – un concept difficile à comprendre quand on est européen et qu'on a vu les nations acquérir de la consistance beaucoup plus récemment et après des évolutions complexes.  On ne déclare pas en Europe que l'origine de  l'union européenne en tant que nation, qu'elle n'est pas complètement, est l'empire romain, ou les royaumes celtes ou les villes grecques… même si on y lit les origines de la "civilisation" européenne, au moins de sa culture - terme moins ambigu.


[1] Mais pas d'impatience, il y a des projets dans ce sens….
[2] Au XXIème siècle BC
[3] L'Ancien Empire est daté de -2686.
[4] 9300 km fin 2012
[5] 8 yuans = 1 €

Prospective contre politique... (14/09/2012)

La gauche au pouvoir annonce et décide en matière de questions environnementales (ouverture des journées de l'environnement par F. Hollande, le 14 septembre 2012).

Formidable, dirais-je, à l'aune du désir mille fois affiché ici qu'on se bouge sur les dossiers environnementaux au lieu de parler d'autre choses réputées plus urgentes ou plus au coeur des préoccupations des gens.

Mais le compte n'y est pas. Les questions ciblées par le président (Fessenheim, gaz de schiste) ne sont pas nécessairement les plus importantes ou les décisions annoncées ne sont pas les plus raisonnables ! 

Passons par un détour. Pendant que Mme Taubira prépare la loi sur le mariage homosexuel, une maire brésilienne célèbre un mariage à trois, deux femmes, un homme.  Qu'en penser ? Rien, sinon que la loi doit permettre à la société de fonctionner comme elle l'entend, elle doit prendre acte de ce qui s'y passe vraiment pour l'aider à bien fonctionner en lui donnant le cadre légal dans lequel son fonctionnement s'inscrit. 

On pourrait même imaginer qu'elle l'anticipe ? Quand elle fait cela, et c'est assez rare, on se trouve dans des conditions révolutionnaires.  

Va-t-on vers des mariages multiples, avec des animaux, entre parents capables d'un consentement ? Le PACS permet une partie de cela. Quels sont les tabous qui vont tomber, parce que nous ne vivons plus dans de petites tribus d'éleveurs ou de petites cités maritimes de l'Ouest de la Méditerranée ?

En matière d'environnement, l'environnement n'est pas une fin en soi. De même que l'économie n'en est pas une non plus, ni le travail... La nature et l'anthroposphère se rencontrent, avec puissance sinon violence. C'est ce rapport, cette tension, qu'il faut gérer.

Très bien. Passons à l'application au gaz de shiste. La société, l'anthroposphère, a pour mission essentielle de laisser vivre les gens qui la compose, en nombres qui lui échappent largement - même si la société elle-même est à l'origine de ces nombres. Pour y parvenir, elle a besoin d'énergie, car les hommes vivent dans une sphère, qui a construit un cocon pour l'isoler, la protéger de la nature, grâce à des bâtiments, des villes, des artefacts variés et de toute taille.  Les grands nombres qui composent aujourd'hui l'humanité et façonnent sa façon de vivre (au moins celle de la fameuse classe moyenne mondialisée) proviennent en particulier d'une intensité en énergie (e.g. MJ/capita) qui ne coûte pas cher, relativement beaucoup d'énergie, parce qu'elle ne coûte, ne coûtait pas cher. 

Le prix de l'énergie est un prix de marché - malgré l'OPEP et autres cartels, malgré les taxes.  Il reflète une certaine rareté. 

On a pensé longtemps que l'énergie habituelle se raréfiait, que le pic de pétrole était devant nous, derrière nous, juste sous nos pieds.  Mais l'énergie n'est pas que le pétrole, loin s'en faut. Il y a aussi les énergies renouvelables, diraient les écologistes, l'énergie nucléaire, diraient d'autres... et le  gaz naturel.  Sans oublier les économies d'énergie, qui se mesurent en néga-joules.  Ni les énergies peu développées comme la géothermie du sol et de la mer, pratiquement en jachère bien qu'elles soient infinies !

Or le gaz est beaucoup plus abondant qu'on ne le pensait. De fait, ces questions de ressources sont complexes et très mal connues et on a longtemps classé la partie la moins analysée de ces ressources dans une classe à part, les ressources non conventionnelles.

Faisons simple. le gaz de schiste fait partie de la panoplie potentielle d'énergie dont le bien être de beaucoup dépend. Derrière le gaz de schiste, il y a aura peut-être le gaz de clathrate, des équipes travaillent là-dessus, elle vont peut-être exhiber des solides utiles. On doit donc s'interroger sur la façon de l'exploiter sans trop de dommage par ailleurs pour l'environnement. Interdire même d'y penser ou de faire de la recherche dessus est idiot, ou carrément fasciste, si, si, fasciste !

Les raisonnement du genre, "exploiter le gaz de schiste c'est s'interdire de mettre en oeuvre des économies d'énergie" est un sophisme, qui est la base de toutes les déviances totalitaires. Je peux manger un chocolat et modérer les calories que j'ingère ! Etc.

Donc les Verts, qui pensent tout autre chose qu'écologie, donc un jeu de puissance qui les regarde mais qui m'indiffère, doivent passer à un discours moins radical. C'est d'ailleurs la seule chance qu'ils aient de parler un jour à un plus grand nombre.

Les entreprises, qui font semblant  de ne pas écouter les craintes des uns et des autres sont aussi des apprentis sorciers.

Enfin ceux qui brandissent le principe de précaution, comme si c'était la nouvelle bible, alors que c'est un réflexe plutôt européen, et encore plus profondément français, un réflexe d'angoisse, de peur et, in fine, de peu de courage ! devraient penser trois fois leur langue dans leur bouche avant de s'exprimer. 

samedi 26 octobre 2013

Immigré mon frère !

71% des français sont d'accord avec l'UMP pour modifier le droit du sol (!+x??/:+!!!) en matière d'acquisition de la nationalité française - selon un sondeur stipendié, dont je doute qu'il ait vérifié que tout ces gens qu'il a interrogés aient bien compris la question. 

Quel intérêt d'avoir une réponse à une question qui ne fait pas sens ? 

Mais j'entends déjà des réponses selon lesquelles ce n'est pas un problème, il faut écouter les gens et ils ont raison par principe dans une démocratie, etc. 

De même que les petits voyous paumés qui enchainent les délits n'en sont pas responsables du fait du déterminisme socio-économique qui les y a poussé, les citoyens ont le droit de choisir des litanies d'extrême droite, d'élire Hitler selon les règles démocratiques, du fait de l'inaudibilité des socialistes au pouvoir. 

Comment des gens surinformés, comme tout le monde l'est aujourd'hui, peuvent-ils en arriver à faire des choix pareils, si contraire à l'histoire de leur pays, à la nature même de leur nation, à leur intérêt même compris de façon étriquée et très simplement à la vérité ?

A force d'entendre en boucle les c... de Coppé, on n'entend plus les réponses, les déconstructions de ce discours absurde et on se met à penser à l'unisson, dans une espèce de transe provoquée par l'UMP. Camarades journalistes, il y a quelque chose de pourri dans votre royaume ! Car je ne peux pas croire que vous rouliez tous pour l'extrême droite. 

Camarades de gauche et amis socialistes, ce que vous dites pour contredire les propos de Coppé n'a aucun écho dans l'opinion publique. 

D'ailleurs, qui parle du fond, qui réfléchit à ce qu'est la nationalité française et comment on l'acquiert ? On dit que l'UMP se tire une balle dans le pied en apportant de l'eau au moulin du FN et, que in fine, les gens devant leurs urnes préféreront le vrai produit à l'ersatz, comme disait JMLP. On dit que Coppé chasse sur sa droite, etc. Des commentaires politiques, comme disent les journalistes, qui donnent une idée assez médiocre de la politique. 

Que faudrait-il dire ? 

Que l’immigration n'est pas une catastrophe, mais une chance pour la France - comme elle l'est pour l'Allemagne qui seraiy encore plus à cours d emain d’œuvre qu'elle ne l'est aujourd'hui si elle ne laissait pas entrer deux fois plus d’immigrants que la France. Les flux migratoires en France sont faibles et donc ceux qui affolent le peuple sont des menteurs et des apprentis sorciers. Ce sont aussi des gens qui oublient que l'immigrant, c'est le notre prochain, à supposer qu'un certain nombre d'entre eux sont chrétiens. 

Historiquement, la France s'est construite avec une entrée continue d'étranger. On a aussi redessiné les frontières, sur les 1000 ans d'histoire de ce pays, et ainsi accueilli de nouveaux français. Peu de gens sont français depuis 30 générations !!! Mais ils sont tous français, à commencer par ceux qui sont arrivés en dernier. C'est pareil partout en Europe, en Amérique, en Australie, en Afrique du Sud, etc. Il n'y a guère que des pays commele Japon qui ont eu des pratiques différentes. Voir comment cela les met en difficulté aujourd'hui, avec un vieillissement de la population plus rapide que nulle part ailleurs.

La France a une démographie légèrement en croissance en raison de la fertilité de ces nouveaux arrivants. 

Dans l'avenir, l'immigration va se poursuivre et s’accélérer, car les gradients de richesse et de bien-être entre les pays pauvres et nos pays riches sont trop grands, comme sont trop grands les gradients de fertilité. Le changement climatique va encore redistribuer les cartes et mettre sur les routes des centaines de millions de réfugiés. C'est ça le vrai challenge, reconstruire le monde qu'on est en train de démolir pour que survivent ceux qui y vivent ! 

Pourquoi mes compatriotes sont-ils si aveugles ? 

Je crains que ce soit parce qu'ils sont en moyenne assez peu éduqués, qu'ils n'ont pas appris à l'école comment penser par eux mêmes. Voir les performances très médiocres des français dans les dernières enquêtes de l'OCDE où la littéralité et la numéralité des adultes (pas des juenes, oh braves gens !) est au 22 ou 23ème rang sur 25 pays ! Quand on ne sait pas, on se méfie et on a peur. Quand on a peur on oublie les autres et on ne pense qu'à soi. L'ignorance engendre l’égoïsme, la bêtise et, disons-le, le crétinisme !

Je viens de tomber sur la critique de Antonio Munoz Molina - de la Real Academia Española  - et de son essai "tout ce qu'on croyait solide", qui raconte une histoire semblable sur l'Espagne avec des conclusions plus pessimistes encore : le pays peut sombrer à nouveau dans le fascisme ou quelqu'autre totalitarisme. 

Et nous ?

2' heures plus tard, je viens de passer quelques heures à rechercher l'étymologie des mots fer et acier (je me demande bien pourquoi ?), une occasion de plonger dans les origines de la langue française, un assez bon marqueur de la culture et des sources de la nationalité. La langue française vient de partout, a emprunté à toutes les langues et toutes les cultures, toutes, vraiment toutes, et cela s'est fait grâce aux étrangers qu'on a rencontrés et qui sont venus vivre chez nous - un nous glissant, toujours changeant. Sans cette hybridation continue et sans fin, nous ne serions plus rien, nous n'aurions jamais été rien : une culture n'existe que dans un contexte, une écologie, une biodiversité. Un peu comme les riches ne sont riches qu'à cause des autres, les pauvres par exemple, pas par la simple vertu de leur aventure entreprenariale ou patrimoniale, comme veulent le faire croire les défenseurs de l'économie ultra-libérale....

P.S. D'ailleurs le racisme est partout. Dans mon train de Bruxelles à Arlon, qui poursuit son chemin vers Luxembourg puis vers la France par des correspondances, le contrôleur à qui j'ai présenté un billet Bruxelles-Arlon - pas cher, 11,7 € -, m'a demandé si je n'allais pas plus loin qu'Arlon ! Suspicion de nature ethnique, mon accent me trahissant comme un français. Or pourquoi un français irait-il à Arlon ? Par contre, les français sont roublards et resquilleurs, etc. 

vendredi 13 septembre 2013

Tu me braques et je te tue...


Bizarre ce que nous rapporte la presse, ici en France. 

Il y a d'abord un "ras le bol" fiscal, général croirait-on à entendre les JT qui ne parlent que de ces rumeurs.

Or on parle là d'augmentations des impôts sur le revenu (IR) et la moitié des français ne les paient pas. Le ras-le-bol ne peut les concerner ! A moins que la presse ne considère qu'ils ne comptent pas, ces gens qui ne paient pas l'impôt. C'est bien comme cela d'ailleurs qu'on accordait le droit de vote, sous la troisième république : en dessous de 1000 F de revenus, pas de droits citoyens.

La presse serait-elle devenue censitaire ?

Par ailleurs, les plus bas revenus baissent et les plus hauts augmentent, mais moins vite que les autres ne baissent. Présentation un peu idiote, qui semblerait montrer que ce sont les pauvres qui enrichissent les riches par leur paupérisation. Mais cette hypothèse, elle, est-elle vraiment idiote ? 

Les impôts réputés "injustes", ceux que tout le monde paie comme la TVA et la CSG, vont donc baisser dans les milieux pauvres, à la suite de leurs revenus. Une raison de plus qu'ils ne souffrent pas de ras-le-bol fiscal ! 

Après il y a les gens qui s'inventent des règles : "il est scandaleux qu'on paie des IR sur sa retraite"; ou "il est scandaleux que je paie des impôts cette année alors que je n'en payais pas l'année dernière". Combien ? 150 €. Il faut les trouver, je suis bien d'accord, mais est-ce complètement choquant que chacun contribue à la hauteur de ses ressources, plutôt que d'avoir aussi des exclus de l'impôt? Ce n'est pas bon d'être exclu, de quelque exclusion qu'on parle!

Donc il y a des manipulateurs  d'opinion qui lancent des slogans que les gens reprennent sur des micro-trottoirs  - genre les citoyens ont la parole - et que les journalistes ressassent, à moins que la chaîne causale ne soit l'inverse ?  La presse manipulée par ou encartée au parti des démagogues ? 

Autre fait divers. 

Un bijoutier de Nice, pas de Sevran ni de Corbeil, est braqué pour la 3ème ou 7ème fois, on croirait le chemin de croix de Jésus, tel que c'est raconté. On a envie d'y croire, ce brave homme qui vient bosser la peur au ventre et qui travaille dur pour quoi, pour rien finalement... Il abat l'un des malfaiteurs, quand celui-ci s'enfuit sur un scooter, et le tue. Légitime défense! Le maire de Niçe, Estrosi, déclare en public, devant des micros gentiment accourus pour attraper par hasard ses propos, que, s'il n'était pas républicain et respectueux de la loi, il féliciterait le bijoutier (sic!). On apprend ensuite que le braqueur en fuite et depuis raide mort est un petit mec de 18 ans, un petit délinquant arrêté 17 fois par la police, et qui récidive. Son frère nous explique qu'il a la rage, et je le comprends, car ce n'était qu'un gosse, au chômage, ne trouvant pas d'emploi et, de surcroît attendant d'être bientôt papa. Personne n'a osé dire que les jeunes pauvres ne devraient pas baiser, mais on l'entendait comme si ça était dit. 

Aaaah! 

Qu'elle détresse de tous ces gens, qui n'ont comme solution que d'avoir peur, de de se haïr, de se niquer et de s'entretuer ! Une vieux commerçant de 67 ans, avec un pistolet sous sa caisse enregistreuse, qui vise bien et de loin ! Un gamin qui vit de petits délits, qui ne sait pas comment ne pas faire de gosse à une fille, et qui se fait tuer. On a rétabli la peine de mort en France, pour de petits délits. Pas la peine d'avoir la honte des américains, qui la réservent pour de vrais crimes - enfin ceux qui sont reconnus comme tels par la justice de là-bas. 

Je ne sais que dire... Le délire.

PS. il y a un livre génial qui est sorti ce mois-ci, le capital au XXIème siècle, de Thomas Piketty, au Seuil. 970 pages (si, si !).

L'auteur, mélange d'économiste et d'anthropologue, y explique, après un travail long et sérieux d'enquête qui remonte au XVIIIème siècle,  que les revenus du capital augmentent plus vite que les revenus du travail (7% contre 1,5%), sur de longues périodes. Ca ne peut conduire qu'à l'envahissement du monde par des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres. Le salut, si l'on peut dire, n'est venu, au siècle dernier, que de deux guerres mondiales, qui ont rebattu les cartes, mais à quel prix ? Donc, ça va aller de mal en pis. Les petits braqueurs à scooter vont se multiplier, ils n'ont pas d'autre choix, les pères la morale ne pourront longtemps faire dire le contraire aux journalistes. Etc. Marx va se réveiller et aussi la lutte des classes, sur fond de changement climatique. Pas très rassurant.

A moins qu'on n'augmente les impôts ? Ca doit être en prévision de cela que les futurs très très riches font courir déjà ces rumeurs de ras-le-bol fiscal, finalement !

Un autre livre, qui me fait envie... Essai sur l'éthique du capitalisme, de Olivier Grenouilleau.

samedi 6 juillet 2013

Mal à l'aise...

Il y a eu en mai et juin 2013 la législation en France sur le mariage pour tous et ces manifestations de masse de gens parcourant les rues, souvent avec leurs enfants, et expliquant que la famille est en danger et qu'il est inconcevable que l'état décide sur un sujet où leurs idées sont arrêtées et contre ces idées. Il leur était impossible d'accepter que la majorité décide autrement et le leur impose.

Imposer est d'ailleurs un bien grand mot. Cette loi parle d'autres personnes qu'eux - car, apparemment, il n'y avait pas beaucoup d'homo dans ces manifs -, s'applique à d'autres gens, mais néanmoins, ils ressentaient comme inacceptable le texte de cette loi. Un peu comme si cette loi-là devait être votée par référendum à l'unanimité.

Ils oublient aussi, ces gens, que parmi leurs jeunes enfants, 10% se découvriront homo. Ca sera particulièrement difficile à vivre pour ces futurs ados et les familles aussi vont passer par des moments difficiles.

La droite a repris ce "combat" à son compte. Une cohorte de gens autour de l'UMP, où les homos sont aussi nombreux qu'ailleurs. Je connais pourtant des gens de droite qui ne sont pas homophobes !

Mais l'église aussi, l'église officielle a repris ce combat. Des chrétiens nombreux dans les manifs, c'est leur droit.  Mais aussi le soutien de nombreux évêques, des évêques de France, du pape, et même du Saint Siège dans une encyclique signée de deux papes et parue hier.

Là, je ne suis plus. Il ne me semble pas que l'évangile dise quoi que ce soit qui permette de prendre de telles positions. Il me semblait même que la charité disait tout le contraire : c'est l'autre qui est l'essentiel, le prochain, pas ce que je pense, que je pense à sa place, mais ce qu'il pense lui, l'hétéro, l'homo, l'abstinent.

Mal à l'aise, mais de fait plutôt révolté, fâché, écœuré. Le pape François nous a refait le coup de Sarkozy, nous déstabilisant par des paroles décalées, médiatiques, a priori intéressantes et, au pied du mur, poursuivant l’œuvre discutable de ses prédécesseurs. Dont il va en canoniser deux. Comme si cela avait encore un sens de canoniser des contemporains et de proclamer que des miracles ont eu lieu à la fin du XXème siècle.

vendredi 5 juillet 2013

1994

Des que je tape sur ce clavier, une énorme machine se met en marche pour enregistrer ce que j'écris, me l'attribuer et permettre à des gens, qui n'y ont jamais pensé avant, d'en tirer des conclusions. Une machine rapportant à la NSA, mais probablement d'autres machines ailleurs aussi, y compris celle qui travaille pour le compte de notre DGSE franchouillarde. Quel succès, alors que je n'ai que commencé à écrire, beaucoup plus facile qu'un livre et les affres de sa publication !

En plus, ça permet des allusions littéraires, d'autant plus redoutables que 2013 et mon environnement, la cuisine du p'tit déj où j'écris, solitaire, n'ont rien à voir avec Orwell : pas de conscience d'être observé, pas d'emploi d'espion en temps réel dédié à me surveiller, simplement la possibilité que des algorithmes trouvent des choses déplaisantes pour moi ou utiles à quelqu'un dans ce que je confie à mon clavier virtuel.

L'édito du Monde daté d'aujourd'hui dit assez directement que tout le monde a l'air de s'en foutre, enfin, pas si simplement ni en si peu de mots. La démocratie est en danger, de façon profonde et subtile, mais pas vu, pas pris, car les média, finalement, on ne les croit pas. Les protestations de Hollande sont molles parce qu'il a découvert en arrivant au pouvoir que sa République sainte et apostolique fait pareil. Le plus important, aujourd'hui, le seul fait politique, ce sont les vacances en France.

A quoi toute cette surveillance sert-elle ? A combattre le terrorisme, nous dit-on.

Mais comment le savent-ils que c'est vraiment efficace, tous ces gens qui achètent des super calculateurs, des data centers cachés et qui paient des mathématiciens pour faire du data mining intelligent ? On ne nous le dit pas, secret défense oblige.

C'est pour les mêmes raisons qu'on nous pourrit la vie dans les aéroports et qu'on a transformé une expérience qui fut plaisante et magique en un pensum difficile à supporter, les soirs de déplacements lointains où on rentre fatigué vers la maison : sortez votre ordinateur, votre iPad aussi, et vous avez sûrement des câbles qui vont avec, mettez donc aussi votre appareil photo, vous n'avez vraiment de liquide, il faut enlever la montre, le manteau, la veste, ah oui la ceinture, et enlevez vos chaussures ce sera plus sûr.

Combien d'attentats en avion ont été évités ? Mystère. On nous annonce de temps en temps le démantèlement d'une cellule terroriste, effet d'annonce qui me met en appétit, mais il n'y a pas de suite; la plupart des vilains sont libérées dans la discrétion, ou alors il s'agit d'amateurs en bande assez désorganisée qui ont flippé, dérapé, basculé dans du rêve stupide, mais qui ne mettaient vraiment pas l'état ou la communauté internationale en danger.

Faute d'en savoir plus, je fais donc l'hypothèse la plus probable que cela ne sert pratiquement à rien. Si tout cela avait une effet important et mesurable, "on" se serait chargé de le faire largement savoir.

D'ailleurs je passe encore beaucoup plus d'heures dans les TGV et les métros de différentes capitales, où il y a eu jadis des attentats assez atroces, mais où on ne contrôle rien et où il ne se passe pas grand chose, en dehors des vols à la tire ou du picage des poches.

Al Kaida voulait saper les institutions occidentales, et bien c'est parfaitement réussi. 20 sur 20 en efficacité et en subtilité, puisque la fin passe par des chemins imprévus, pas annoncés. Ce ne sont pas les avions qui explosent, mais les files qui s'allongent dans les aéroports, des milliers d'heures perdues chaque jour, les centaines d'emplois inutiles et probablement pas très enrichissants des gens qui me rappèlent que je dois sortir mon iPad. Et les services cachés, secrets, qui amassent comme des écureuils des données personnelles, pillent notre vie privée et sapent la démocratie.

Un sans faute pour Ben Laden, qui se perpétue malgré sa disparition physique... Laquelle d'ailleurs doit beaucoup aux drônes, et à cette guerre étrange où les États Unis s'arrogent le droit de surveiller et de tuer leurs ennemis, enfin ceux qu'ils labèlent de cette façon, libre arbitre effrayant des états surpuissants.

Vais-je finalement envoyer ce blog ? Il contient tous les mots clés pour être remarqué par les machines, avec en prime une conclusion inacceptable, hérétique, séditieuse. Cependant, je crains qu'il ne soit déjà trop tard, car Google me fournit gentiment une fonction de sauvegarde automatique et les mots sont déjà ailleurs, dans un data center de l'Alaska ou du Canada.

Mais il y a d'autres choses à dire. Je sombre ici dans la théorie du complot.

Certes, je ne sous-estime pas l'inertie des machines lancées à grande vitesse, la pensée panurgienne, la règle de prudence, le principe de précaution - la plupart du temps si con. Mais les gens qui font tout cela sont intelligents et ils savent eux que les retombées annoncées au nom de la guerre contre le terrorisme sont si faibles que nulle en est une bonne approximation. Ils savent que le terrorisme existe, mais qu'il survient sans raison chez des déséquilibrés, souvent bardés de la nationalité du pays où ils "s'expriment" et ayant accès à des armes de destruction massive, enfin à l'échelle du terrorisme; dans les écoles en Amérique ou en Allemagne, ou en France ou en Norvège. Des gens qu'on n'a pas vu venir, ou si peu qu'on n'a rien fait avant l'acte. D'ailleurs, un acte terroriste existe-t'il avant l'acte ? Le monde réel n'est pas un roman de Philip Dick !

Donc ces gens intelligents ont d'autres buts, beaucoup plus sérieux. Je penche volontiers pour l'espionnage économique, une autre espèce de paranoïa, qui voudrait faire croire que les entreprises ont des secrets qu'il suffirait de voler. Secrets certes, mais pas de cette nature, c'est plus simple et plus compliqué ! C'est dans l'esprit, la tête des gens... Plus difficile à voler, sauf à débaucher ces gens-là. Merci, il y a des chasseurs de têtes, profession légale et respectée, qui font cela fort bien.

dimanche 7 avril 2013

L'action d'ArcelorMittal est tombé à son plus bas historique, soit 9,08€

L'action AM a crevé le plancher début avril 2013 et est tombée en dessous de tous garde fous que les analystes calculent pour prévoir les évolutions des cours.  On ne trouve pas d'analyse claire de ce qui a conduit à ce désamour dans la presse financière, pourtant prolixe en d 'autres circonstances.


 
 Malgré des annonces d'économies de gestion de 3 milliards de dollars, les investisseurs ne suivent plus et le cours de l'action ressemble à celui du gouvernement Ayrault après le (mini) scandale Cahuzac. 

La presse se laisse aller à évoquer des séquences radicales, sans parler explicitement encore de faillite. 


lundi 1 avril 2013

Tu es la résurrection et la gloire...

Pâques. Une messe simple dans la cathédrale Saint Etienne, avec quelques silences, comme dirait Naomi, peu familière de la messe, qu'elle a découverte ce vendredi saint :"au moins là il y a de vrais silences".

Et une homélie qui paraphrase Paul et Jean et nous promène dans cette Galilée qui n'existe plus depuis si longtemps et dont on ne comprend pas grand chose, en nous donnant à croire que les gens s'y comportaient comme nous : une version chrétienne d'une télé-réalite ? Je n'arrive pas à suivre le fil de cette pensée répétitive, qui ne me provoque pas, qui ne me dit rien qui m'intéresse ou que je puisse comprendre. Mon esprit s'égare vers tout autre chose.  Les dizaines de colonnes qui tombent de la voute de la nef, le long des piliers qui la soutiennent, l'élèvent vers le ciel, pour reprendre les charges les arcs qui représentent le ciel; ces taches de couleurs que le soleil projette sur la pierre à travers les vitraux...

Puis le prêtre incante un crédo un peu inhabituel, c'est très bien de casser les routines, où il nous parle de la résurrection des morts, c'est dans son cahier des charges, surtout aujourd'hui ! Les fidèles répètent "je crois à la résurrection des morts", surtout la personne qui est derrière moi et dont la voie est claire et ne tremble pas.

Comment comprendre cette idée un peu étrange, proprement incroyable de résurrection de la chair ? Jésus, oui pourquoi pas, il a un statut particulier, exceptionnel dans la Bible, je veux bien croire qu'il est ressuscité et que c'est cela qu'on célèbre aujourd'hui, deux mille ans après l'évènement, mais moi, les autres, tous ? Comment affirmer un tel mystère sans broncher, sans douter ?

Quel est le sens de cette résurrection, que suis-je prêt, capable d'en croire ?

Une métaphore, comme tout ce que dit la Bible, et tous les textes sacrés ? Donc une méthode robuste et universelle de parler de la nature humaine au travers des siècles et des cultures (interculturel, dirait-on en classe de management !), sans rapport avec une connaissance rationnelle ou pire, scientifique ? Je sais que je ne ressusciterai jamais, mais je crois que le ferai ??? Je ne suis pas que chair, loin s'en faut, mais pour l'affirmer il faut me parler de la résurrection de ma chair ? Ma chair qui change avec la perte de la jeunesse ? La résurrection de la chair, serait-elle un retour de la jeunesse ? Pour mieux me dire que la jeunesse n'a pas tout à voir avec l'âge de mes articulations (un peu quand même !), mais que la jeunesse est dans mon esprit ?

La résurrection serait donc un message pour me dire combien la réalité est complexe, mystérieuse, invisible, et que mon époque, qui s'enorgueillit de la science qu'elle a créée et dont la puissance est parfaitement réelle, ne doit pas oublier ces autres couches de la réalité, qu'elle a oubliées ou pas encore comprises ? Comme cet espace de Calabi Yau qui va au delà du sensible (du mesurable) de la physique la plus abstraite actuelle ?

Plus simplement, l'Eglise et beaucoup de religions, en apprenant à durer au cours des siècles, ont développé un discours qui s'associe au pouvoir des puissants du moment, tout en donnant aux petits, aux humbles, aux pauvres, aux oubliés, aux laissés pour compte un autre message, complémentaire, contradictoire, presque paradoxal, leur signifiant qu'eux aussi comptent ? La résurrection serait alors la promesse qu'on ne trime pas, qu'on ne vit pas chichement, qu'on ne souffre pas en vain, parce qu'au delà de maintenant, il y a autre chose de très réel, réel parce qu'incroyable, qui viendra, qui est plus important qu'aujourd'hui ? L'espoir au service de la patience et de l'humilité, mais aussi, parfois, souvent, de la passivité et de l'acceptation des injustices du monde ? Et pour me convaincre combien je suis, moi, important dans ce schéma du monde, c'est Jésus lui-même qui montre la voie en me donnant, en quelque sorte, le mode d'emploi de la résurrection ?

Explication politique, dont l'analyse est ambiguë, sauf aux rares périodes où l'église devient celle des pauvres, comme le nouveau pape semble le vouloir à partir de maintenant.  Mais comment effacer les horreurs du passé par une vertu nouvellement proclamée ? Les vieux gangsters vont à l'église, les prostituées ont leurs bonnes oeuvres...

L'absolution des âmes, oui, c'est une thérapie essentielle et une pratique positive pour les gens, mais peut-on absoudre une institution ? Peut-elle s'absoudre elle-même ???

Bref, je ne me sens pas encore capable de proclamer la résurrection des corps, haut et fort. Mais je suis prêt à entendre d'autres commentaires à ce propos et je suis ébloui par la force de ce que ce message essaie de dire !

Il est peut-être temps maintenant de me plonger dans la bibliographie, comme un bon scientifique, plutôt que de réfléchir seul...



dimanche 31 mars 2013

Crise économique ou crise intellectuelle et morale ?

Triste spectacle que celui de l'Europe, la région la plus riche et la moins inégalitaire du monde, qui restreint son bien être par des politiques économiques erronées et qui ne comprend pas que ce qu'il lui resterait à faire pour changer de destin.

La démocratie, sensée y être incarnée de dizaines de façons, ne permet pas de dégager les voies vers le salut et, au contraire, elle donne la parole à des groupes égoïstes et carrément pervers, qui sont à l'œuvre pour détruire et pas pour résoudre ni avancer.  Les solutions ont pourtant été exposées de mille façons et certains gouvernements ont compris comment les mettre en œuvre, mais le barrage de l'interpellation et de l'invective, avec sa haine ordinaire et son imbécilité profonde, pose les mauvaises questions et emmènent les peuples, pas toujours assez cultivés, sur des chemins de démagogie. Avec une certaine complicité de la presse en continu, dévoreuse d'information, même quand elle n'en contient aucune.

Les réactions à l'interview de François Hollande, qui ont paraphrasé son intervention d'un facteur 10 ou 100, l'ont démontré à l'envie en vivisectant le président sur mille points.

On lui a reproché de ne pas avoir vu venir la crise avec sa cruauté et sa durée :  en 2011, periode de campagne électorale, ceux qui avaient ce don de divination étaient assez minoritaires, mais, surtout, ils n'avaient  aucune notion de ce qui la terminerait (méthode Coué, l'année prochaine) et ils n'avaient pas tous encore compris que les mesures que l'Europe allait adopter ( les 3% de deficit) la verrouillerait dans cette crise.

On lui a reproché de parler de solutions, de boîte à outils, plutôt que d'espoir, de sang et de larmes : technicité contre pathos.

Et on a instruit un procès d'illégitimité de son pouvoir, depuis le back office de l'UMP et de ses alliés, de Borlo à Menanchon sans oublier Le Pen, et en commençant par l'interviewer, Pujadas aussi court intellectuellement que le sont ses jambes, qui lui a demandé à plusieurs reprises s'il mesurait combien les Français étaient en désamour avec lui.

Arrêtez, les gars. Il faut 9 mois pour faire un bébé et rien de sert de demander à la mère, à chaque jour de la gestation, si la naissance aura lieu le lendemain !  On ne peut pas gérer en quelques mois  une crise déclenchée au bout du monde par un manque de gouvernance crasse et dangereux du monde financier et qui s'est installée en Europe parce que les européens n'ont pas été au bout de la construction d'un état régional, commencée il y a 60 ans et restée depuis sur le métier.

La France n'y peut mais, seule, et la puissance que peut mobiliser le président de la France ne suffit pas à regler les problèmes en quelques mois.  Il faudrait le dire plus clairement ?

D'ailleurs, les opposants ne proposent rien, la plupart n'ayant rien fait pendant les 15 ans qui ont précédé et qui ont conduit en grande part à la situation actuelle : invective, demande de nouvelles élections (!!), carrément de démission.

On ajoute aussi sur la table cet étrange mouvement contre le mariage libre, ou des millions de gens (?) se déclarent agressés par une mesure qui vise simplement à permettre à des gens qui diffèrent d'eux d'accéder à leur part de bonheur.

La présence de chrétiens et même d'évêques dans ces cortèges est étonnante : le prochain des évangiles est là, devant eux, qui ne demande rien aux autres, sinon qu'on les laisse faire ce qui leur parait important pour eux-mêmes, et on l'agresse, on l'insulte, on l'accuse de mettre en cause les fondements mêmes de la famille, de la société.

J'ai écouté et lu les débats, dont certains sont menés par des intellectuels de bonne tenue, mais je ne comprends pas : la moitié des couples séparent leurs enfants de leur père ou de leur mère en divorçant; d'ailleurs assez peu de gens se marient en France aujourd'hui ; beaucoup d'hommes engrossent encore des femmes puis disparaissent; des couples se forment qui choisissent de ne pas faire d'enfants ou n'arrivent pas à en faire; beaucoup de seniors se remarient, qui n'ont aucune perpective de se donner une nouvelle progéniture !  L'idée que le mariage est complètement lié à la filiation n'a donc jamais complètement fonctionné en dehors des livres de droit !

Ces vociférants demandent donc aux homosexuels de se comporter comme une grande majorité d'hétérosexuels ne le font pas ! Au delà de l'hypocrisie, pour ceux qui se réclament de la foi chrétienne, c'est d'un schisme par rapport à ce que demande l'évangile, qu'il s'agit !! Il n'y a que l'amour, celui des autres, avant le narcissisme ou l'auto-érotisme même déguisé en masturbation intellectuelle !

J'aurais cependant moi aussi  un reproche essentiel à adresser à Hollande. Il a oublié la menace écologique qui avance pour nous broyer, le changement climatique, ou oublié d'en parler. Aucun de ses détracteurs non plus n'en parle. Le pouvoir économique n'en a cure, lui aussi, voir le fiasco lamentable de l'aventure ULCOS. ll y a quand même Hervé Kempf, qui l'a fait remarquer plusieurs après dans le monde !

Donc, si l'on n'y prend garde, la crise économique,  qui risque de s'éterniser plus longtemps que nécessaire, pourrait être résolue par la crise écologique. Pour le pire et certainement pas pour le meilleur.

Comme la météorite du Yucatán a réglé la crise liée à la domination de la terre par des dinosaures.



PS. Le débat sur le mariage pour tous a glissé vers celui sur la filiation. Les opposants se déclarant non pas opposés à ce mariage, vrai ou faux ça les regarde, mais aux conséquences sur la filiation que cela va entrainer dès que ces couples réclameront le droit d'avoir des enfants avec les conséquences que cela provoquera vis à vis de ces "nouvelles" familles.  Bouleversement des codes, des fondements anthropologiques (???) de notre culture et j'en passe. La loi semble vouloir redéfinir les notions de père et de mère et c'est là que le bat blesse. Il faudrait simplement complexifier un peu les choses pour que la difficulté disparaisse, un peu comme Letterman. Il y a d'une part les parents biologiques, connus ou inconnus, ou qui ne souhaitent pas l'être. Quand il y a mariage, l'époux de la mère est réputé être le père de ses enfants : c'était là une des forces du mariage, dans un contexte social où les enfants nés hors mariage étaient ostracisés (bâtard) et la mère aussi (fille mère); tout cela ayant disparu de nos sociétés modernes, il serait sûrement temps d'épousseter les concepts et les pratiques qui en dérivent !  Il y a d'autre part ceux qui sont investis de l'autorité parentale. Le plus souvent les parents biologiques, mais pourquoi pas les deux partenaires d'un mariage entre homosexuels : l'enfant aurait alors deux pères ou deux mères avec éventuellement un père ou une mère biologique connus ou non. Ce n'est pas plus compliqué que cela !







dimanche 27 janvier 2013

Petites contradictions entre (faux) amis


Aujourd'hui 27 janvier 2013, ce sont les partisans du mariage pour tous qui vont défiler dans Paris. J'ai moins de problèmes avec ce défilé qu'avec le précédent, mené par les "opposants". Mais ce mode d'expression par de grandes manifs, quand la patrie n'est pas vraiment en danger, m'agace. Sûr qu'on va compter les manifestants et comparer avec ce qui s'est passé il y a 3 semaines. Rapport de force... quel sophisme, quelle courte vue pour analyser le sujet.  Vivement que cette loi passe et qu'on oublie les divisions fabriquées entre français sur le sujet.

Das un registre voisin, la France médiatique a bruissé toute la semaine de la libération de Florence Cassez, cette jeune femme française qui vivait avec un  gangster mexicain, dans l'ignorance absolue, a-t-elle toujours affirmé, du coeur de business de son amant, mais qui a été condamnée par la justice mexicaine à 60 ans de prison pour complicité dans des enlèvements crapuleux. Rien de plus qu'un fait divers, pourrait-on dire, mais le réseau de ses amis, ou de ceux qui le sont devenus, a réussi à transformer cette affaire assez particulière en une affaire d'état, où la France, le troisième (deuxième ?) "plus grand" pays d'Europe, a affronté le Mexique, le troisième plus grand pays d'Amérique latine. Les gens qui sont aujourd'hui au pouvoir de part et d'autre, plus pragmatique que leurs prédécesseurs, ont calmé le jeu et trouvé le moyen de faire rentrer la française en France, en respectant les règles constitutionnelles du Mexique. Que l'eau passe...!

Ce qui est gênant, c'est que le président Sarkozy avait multiplié les incidents diplomatiques en faveur de la "petite française" dépeinte comme victime de la machine d'état mexicaine, aux moeurs pré-démocratiques - comme si le dysfonctionnement du système de police et de justice du Mexique était tellement évident qu'on pouvait résoudre la question par des discussions bilatérales entre chefs d'état. De l'autre côté de l'Atlantique, l'opinion publique mexicaine semble furieuse de l'issue apportée à l'affaire, au nom des dizaines d'enlèvements quotidiens qui continuent à pourrir la vie des mexicains, comme si le droit se décidait dans la rue et au tribunal de l'opinion publique.

Le Mexique a beaucoup de problèmes à résoudre, dont une gangstérisation rampante de la société, qui traduit l'incapacité de l'état de droit à sortir assez vite la pays de la pauvreté... et la présence au-delà des frontières nord de la plus grande économie du monde - un gradient qui fait fuir les forces vives du pays -, qui est aussi le plus grand marché de consommation de drogue au monde. Ils vont trouver des réponses rapidement ou pas. Je leur suggère de regarder les précédents historiques où l'on a intégré les envahisseurs de l'extérieur ou les grands bandits dans le l'état, qui devient ensuite un état de droit ! Un des derniers épisodes  de ce feuilleton millénaire est celui des robber barons aux USA, comme Carnegie, Rockefeller, J.P. Morgan etc. (http://en.wikipedia.org/wiki/Robber_baron_(industrialist))

Changeons encore de sujet.

On débat en France des problèmes de l'industrie automobile. On admire l'Allemagne, qui réussit mieux que la France, les Etats Unis, qui ont su retourner leur industrie en faillite grâce à une nationalisation de courte durée, etc. : les journalistes tiennent beaucoup à des grilles de lecture nationales pour un problème largement liés de la mondialisation; ils adorent aussi distribuer de bons ou des mauvais points et à conclure à l'emporte pièce en synthétisant les avis des quelques invités qu'ils ont rassemblés sur un plateau.

Dans le cas présent, la situation est pourtant assez simple :
  • l'offre de modèles dépasse les besoins du marché, de façon criante dans la crise/récession actuelle, mais de façon plus sournoise avant 2008.  Les constructeurs, les fameux OEM, pour satisfaire leurs différents maitres parmi lesquels le marché n'est pas le seul, ont toujours fait de la surenchère, formaté les consommateurs pour qu'ils acquièrent des réflexes d'achat qui justifient l'obsolescence programmée et réagi plus ou moins vite aux demandes réglementaires et normatives des états, en particulier de l'Europe. Cette excès d'offre coûte cher, ce qui est insoutenable quand le marché s'effondre. 
  • l'automobile est probablement en train de passer la main à autre chose, dans un grand cycle de Kondratieff en émergence.  Son importance était liée au pétrole, dont l'ère va se terminer, bientôt, ou pas si tôt que cela, selon votre religion en matière de peak oil. Pourquoi diable le besoin de mobilité se reporterait-il sur des voitures électriques, ou à hydrogène, ou des des voitures à voile, dont on parle moins, LOL. Donc, structurellement, comme disent les journalistes qui ne comprennent pas bien l'économie, la demande va décroitre, dans les pays "riches" au moins, mais aussi dans les pays émergents qui vont devoir inventer autre chose - qui existe probablement déjà. 
Dernier épisode d'actualité, la guerre du Mali et la prise d'otage d'In Amenas, décodés eux aussi en direct avec une logorrhée médiatique où l'on entend tout, le bon sens, la profondeur d'analyse et les bêtises, dans un brouhaha tel que rien ne ressort de clair ni d'intelligent - l'équivalent d'un film pornographique où l'on a oublié l'essentiel, d'un étage de livres à la FNAC par rapport à la boutique d'un petit libraire. Des acteurs de la mondialisation envoient leurs employés travailler aux quatre coins de la planète, activité normale dans une économie mondialisée. Mais ces lieux de production sont immergés dans une réalité locale et, comme tels, n'échappent pas aux tensions géopolitiques entre les riches et les pauvres, les prédateurs (dont beaucoup sont aujourd'hui des émergents) et les néo-colonisés. Résultats, quarante morts norvégiens, japonais, anglais, américains, qui n'avaient pas signé eur contrat de travail en connaissance de cause par rapport à de tels risques. Et il est probable que les entreprises qui les ont envoyés n'y avaient pas trop pensé non plus, naïvement, cynisme et bonne foi mêlés.  

Il est probable que cette prise de conscience a posteriori va renforcer la réponse militaire aux côtés de la France au Mali, qui s'y trouve bien seule pour l'instant. Mais l'essentiel, c'est l'insuffisance du discours, de la réflexion, des entreprises mondialisées par rapport à cette irruption dans des univers qui ne les intéressent pas vraiment, hors de l'usage qu'elles veulent en faire, donc y récupérer des matières premières, ou parfois aussi exploiter une main d'oeuvre bon marché, sans partager avec eux les hauts niveaux de vie de leur terre de base. On parle de développement durable, de responsabilité sociale des entreprises, de base de la pyramide, etc. Mais les entreprises continuent à prétendre que le business prime tout, qu'on doit lui ouvrir le chemin au nom de la croissance, du PIB, des emplois. Que nenni ! C'est un peu court, jeune homme, on pourrait dire bien des choses en somme...

Derrière cela il y a aussi la question de l'altérité, de l'islam, l'altérité absolue semblerait-il pour des sociétés laïques à base chrétienne.  Revoilà les guerres de religion ou les chocs de civilisations ! Au secours ! 

Il reste encore beaucoup de travail de réflexion malgré tout ce qui a été fait, qui se fait....