dimanche 12 avril 2009

La chasse aux idées qui nous ont plombés...

Il y a le monde d'avant la crise et celui d'après la crise. Comme les anciens et les modernes. Les réactionnaires et les révolutionnaires. 

Le monde d'avant était peuplé d'idées fausses ou d'idées qui n'avaient pas la portée universelle capable de nous porter vers l'avenir durablement. Des fausses bonnes idées, comme il y en a tant. Mais des idées à la mode, populaires - en franglais, qu'on nous a vendues comme des évidences, à grand coup de suffisance, d'arrogance, d'hubris, et à grand renfort de techniques de bizutage, de non-dit et de çà-va-de-soi. Ces idées qui ont gonflé des bulles qui ont porté des nouveaux riches, qui ont tiré un temps la croissance mondiale, mais qui nous laissent sur la grève, maintenant que les bulles ont explosé et que le flux s'est retiré. Laissant certains sans autre recours que la grêve...

Partir en chasse à ces idées fausses est salutaire. 

Cela évite les chasses aux sorcières et aux boucs émissaires, comme celles qui sont conduites par certains démagogues et certains hyperdirigeants,  qui font du bien, celui d'être unis dans le malheur, les grands et les petits, les forts et les faibles, tous ramenés à la norme minimale et à la grisaille commune, mais qui n'aident guerre à imaginer autre chose, de nouvelles idées, des idées porteuses d'avenir, des idées à repousser le malheur. Et qui conduisent à des séquestration de dirigeants, pour commencer, et, peut-être bientôt, à la lanterne, carrément, ou débités en morceaux et décorant les piques et les grilles des lieux publics !

Cela nous inscrit dans une tradition culturelle, Flaubert, Brel et, tant qu'on n'y est, la Genèse, qui décidément a parlé de tout, pas seulement de la création du monde...!

Cela évite aussi la dérive actuelle de chacun d'entre nous, la presse comme les bloggeurs, ceux qu'on lit et ceux qu'on ne lit pas, pas encore, qui y vont de leur théorie systémique, celle qui explique les défaillances ayant engendré la crise par des explications sur les processus qui nous guident, comme si le monde était une entreprise adhérent aux normes ISO 9000, 14000 et les autres.  La crise financière, la crise de l'économie réelle, la crise des liquidités, la trappe aux liquidités, les subprimes, les fonds pourris, les outils dérivés, leur opacité - la théorie que je trouve la plus drôle, la plus incroyable, la plus sombre et la plus pessimiste sur l'homme ! -, le système de normes comptables internationales, la crise sociale, la crise politique,déjà là ou à venir, etc... 

Sauf une, bien sûr, la mienne, qui met en avant la bulle de consommation portée par un marketing dévoyé, vendant au consommateur qu'on hypnotise et qu'on soigne à coups de crédits faciles des produits sans finalités, sans contenus, sans qualité, dont il n'a pas vraiment besoin, ni même envie sans un peu de viagra publicitaire pour stimuler ses appétits... qu'on achète parce que les autres aussi les achètent, nous dit-on, et parce qu'on le peut, comptant ou à crédit. Laquelle bulle a éclaté, dans un effondrement digne de celui d'un trou noir, qui ferme les usines de voitures, les aciéries et les hauts fourneaux, pour suivre une chute de 50% de la production... 

J'ai déjà parlé des produits médiocres, comme tout ce que vend microsoft - je suis en train de me battre avec un word 2008 pour Mac, si lent que j'en oublierais ce que je veux dire !, comme les balckberry qui parlent français sans accents, comme les restaurants Buffalo Grill qui défigurent les paysages suburbains et présentent sur nos assiettes un pastiche de mal-bouffe qu'ils disent américaine (O Obama, déclare la guerre aux Buffalo Grills avant d'aller en Afghanistan, c'est peut-être plus important pour ton pays !), sans goût, même les frites sont ratées, il faut le faire - et cela en dit long sur la possibilité de faire avaler aux clients de la bouffe pour chat et de les faire payer encore trop cher à la sortie !!!

Donc revenons aux mauvaises idées, celles qui ont conduit à faire pousser ces bulles et conduit à ce débordement de mousse qui nous entraîne vers les cuviers d'Augias puis a explosé...

Au hasard, sans ordre, pas de théorie ni de classement systémique encore, observons, la méthode expérimentale n'est pas encore dans la liste des ces idées toxiques.

La fascination de la minceur que vendent les magazines féminins et aussi masculins maintenant, ceux qui parlent, démagogiquement, au côté féminin de l'homme. Ce goût pour les filles anorexiques, ces waifs qui peuvent s'habiller en 36 et qui fascinent les "grands" couturiers, qui tiennent debout par la force de maquillages de belle au bois dormant plus que par la force de leurs muscles atrophiés, sortes d'enfants sexués faisant appel au côté pédophile de qui d'ailleurs ? Les belles femmes relèvent d'une autre alchimie, celle de la jeunesse, du tonus, de l'insouciance, des phéromones qu'on capte au passage et qui n'imbibent pas encore les pages glacées - au sens propre et figuré - des journaux et des mensuels.  Sans phéromones, des peintres doués les ont d'ailleurs saisies sur la toile, Rubens ou Véronese ou Ingres ou Picasso... 

Derrière ce mythe, qu'on travaillé les psychanalystes de la mode, se cache une collusion de vendeurs de rêve, des rêves basiques et reptiliens, et des marchands, avec tout un monde interlope de communicants et de journalistes qui servent la soupe et lient la sauce. On est loin de la presse, cinquième pouvoir ! 

Cà se résume assez bien par le mot de marketing !

Il y a aussi des mots attrape-tout, comme celui de créatifs. 

Ceux qui se donnent ce nom, les créatifs de la publicité et de la com' par exemple. Qui oublient qu'ils sont à la création, celle des artistes des arts plastiques, ce que la "science" du management est à l'économie ou l'astrologie à l'astronomie... Ce sont des outils, des moyens, des véhicules, des serviteurs.

Ou comme ce banquier, qui refuse un crédit à une styliste talentueuse que j'aime bien, sous prétexte que son activité n'est pas créative.  Curieux exercice de renversement du sens des mots, qu'on chausse comme une chaussette à l'envers, sans probablement s'en apercevoir... La créativité, est, j'imagine selon lui, les nouvelles technologies, nouvelles depuis si longtemps, explosées dans tant de bulles passées et à venir, devoiement des mots pour appeler la soupe, les financements, les crédits, l'image d'une modernité d'avant... 

Autre idée fausse, celle du ROI, le retour sur investissement qu'on a imposé dans les entreprises à 15% ou plus depuis 10 ou 15 ans.  Comme si l'économie croissait à 15%... Ou l'avait jamais fait, même dans le "miracle " de la Chine ! A moins, que consciemment, on ait compris que ces 15% étaient prélevés dans la poche des salariés d'une part et des générations futures  d'autre part ; sans parler du tiers-monde, qu'on vole sans vergogne, sans en avoir conscience (??) et sans en parler ! Un vol à la tire spatio-temporel !  Une version à l'envers du développement durable,  de ce mot attribué à Saint Exupéry, la planète n'est pas un héritage que l'on reçoit de ses ancêtres, mais qu'on empreinte à ses enfants !

Ces mythes de managers, enfouis dans des discours technocratiques sur la création de valeur, le temps de retour sur investissement... Le dernier en date parle de variabilisation des coûts fixes... rappelez-vous la titrisation des risques... On pourrait presque repérer les idées fausses à la voix qu'elles empreinte, aux combinaisons de mots qu'elles associent !

Tout commentaire est le bienvenu, pour compléter cette liste dont ceci n'est que le commencement...!

A suivre, si le temps ne me manque pas.

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