samedi 5 mai 2012

Pourquoi je vais voter pour François Hollande...

J'avais donné une liste de 100 raisons pour ne pas voter Sarkozy, il y a 5 ans. Ça n'a pas suffi à mettre Mme Royal en position de gagner, car les blogs n'avaient pas autant de pouvoir à cette époque lointaine !

Cette année, pas besoin de faire du chiffre, car je n'ai pas l'impression de me battre contre la marée.

Je vais donc voter pour FH, parce que :

1. J'aimerais bien que mes petits enfants grandissent dans un pays apaisé, où les locataires de l'espace national ne se battent pas dans une guerre civile larvée et où on prenne le temps de vivre avec son temps, donc avec ses dynamiques et ses dangers. La droite avait fermé le paysage politique français dans un univers national, où tout ce qui était différent faisait peur : le monde change, nous changeons avec lui et rien ne sert d'encourager ceux se cela effraie.

C'est important pour des gosses de vivre dans l'ouverture, la confiance, la curiosité, de façon qu'à leur tour ils sachent comment faire pour répondre aux défits qui seront les leurs quand leur génération sera aux manettes.

2. L'alternance, c'est une bonne chose qui reste suffisamment rare sur la planète, comme mon chauffeur de taxi d'origine algérienne me le faisait remarquer il y a deux semaines à Montréal, pour qu'on s'en délecte. Mais ce n'est la raison de voter pour FH ou contre NS. L'alternance, c'est une des composantes de la démocratie, mais pas un balancier selon lequel on change de crémerie à chaque élection, comme les entreprises changent d'agence de voyage ou de service de nettoyage : le dire, comme on l'entend beaucoup, c'est considérer la politique comme un jeu vain et les politiciens comme des pions interchangeables, tous médiocres sinon tous pourris.

3. La France est une nation qui vit dans l'histoire, c'est-à-dire dans un passé réécrit dans une narratologie très particulière, celle d'une reconstruction nationaliste de l'identité nationale, dont on a bourré l'esprit des élèves à l'école et dans la vie quotidienne, la presse par exemple. C'est un peu court, mais ce n'est qu'un propos parmi d'autres. Les français, donc, vivent avec des mythes comme Vercingétorix ou Jeanne d'Arc, et avec le souvenir de splendeurs passées, dont on a oublié les aspérités ou les crimes : Louis XIV, Napoléon Ier, etc.

Une des dérives de cette vision du monde, le monde à la française, est que cette grandeur particulière, ce destin universel du pays reste l'objectif premier de la politique nationale : ça donne des flamboiements anecdotiques comme le discours de Villepin à l'ONU, mais la plupart du temps un pilotage hors des règles du monde, comme les 12 années de présidence de Chirac, un exercice de sur-place assez hallucinant. !

La gauche n'échappe pas complètement à ce fantasme et y ajoute les siens, au hasard Jean Jaurès, mais elle s'est revelé de fait beaucoup plus réaliste et pragmatique que le doite et c'est elle qui a fait progresser le pays au cours des 70 dernières années : le front populaire, la présence de la gauche dans le gouvernement de de Gaulle, le gouvernement de Mendès France, mai 68 (où la gauche, issue des racines et des pavés a influé par des mouvements de rue à caractère révolutionnaire), Mitterrand et Jospin.

La compétence et la pertinence à été du côté de la gauche, la droite se laissant aller à refuser l'évidence, à retarder les prises de décision, à attendre ou à nier tout en flattant les pleureuses. C'est le contraire de ce qui s'est dit au cours de la campagne.

4. La gauche, c'est aussi l'écoute de l'autre, un peu plus de coeur, un peu moins d'égoïsme, une volonté d'être équitable, de penser aux pauvres, aux défavorisés. D'une certaine manière, ceux qui croient à une morale, pourquoi pas basée sur la bible, devraient s'y retrouver.

On y trouve aussi cette idée que les gens ne sont pas seuls dans la société, que leur réussite est celle d'un groupe, d'une écologie sociale. Cela aussi n'est pas dit souvent à droite, voir ces discours sur le vrai travail ("le travail de ceux qui n'ont jamais rien demandé à personne", NS), comme si le self made man s'était construit dans un vide sidéral.

Ces valeurs n'appartiennent pas qu'à la gauche, dieu merci, et elles ne sont pas présentes dans les discours de toutes les gauches, mais c'est quand même là qu'on l'entend parler le plus fort.

Mince, 4 raisons seulement de voter FH, pas 100.

On pourrait en ajouter quelques autres... L'homme lui même est attirant, intellectuellement, il explique, il a l'air de croire que la raison doit sous-tendre ce qu'il dit et que quelques principes doivent soutenir l'action, suffisamment larges dans l'espace, le temps, le respect des autres et la générosité.

 Ça me paraît suffisant !

JP

 Le 5 mai 21012, la veille d'un scrutin modestement historique, dans le microscope français.

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