dimanche 11 novembre 2012

Crises 101 -continuing...

Famous last words... Les grandes crises en sont rarement une.

Elles résultent d'un changement profond, majeur, d'une rupture de paradigme économique et sociétal.  Michel Rocard vient de le réaffirmer dans un bel interview au Monde daté du dimanche 11 novembre.

On est tous d'accord avec cela. Mais quel est le paradigme dont on parle cette fois ?

Pour rappel, en 1974, il ne s'agissait pas d'une crise pétrolière, comme dit alors, mais de la fin des 30 glorieuses, donc de la reconstruction de l'Europe après la guerre. Cette guerre étonnante qui avait résolu la crise précédente, celle de 1929, puis a assuré 30 ans de croissance économique tirée par l'Europe et a achevé d'asseoir les États Unis au pilotage du Monde. Le relais de croissance a mis 30 années à se mettre en place avec la société de consommation de masse et ses besoins de réduire ses coûts régulièrement, donc passant la main petit a petit aux pays à bas coût de main d'œuvre.   En 2008, la crise n'était pas celle des subprimes ou de la sphère financière... on en revient a la questiJen déjà énoncée.

Le changement en cours, c'est peut-être le retour en position d'acteurs majeurs des régions, des pays, des cultures qui ont joué un rôle essentiel dans l'histoire, mais qui ont été soumis, marginalisés, paupérisés par l'expansion européenne, son colonialisme et sa définition de la civilisation, science, technologie, progrès social et démocratie inclus. Ne pas oublier, qu'en l'an 100, deux villes dépassaient un million d'habitants, Rome et Pékin. Et que jusqu'en 1500, la région la plus riche du monde, en PIB reconstitué, était la Chine.

Reviennent aux premières loges l'Amérique du Sud, pas complètement européenne bien qu'elle parle deux langues européennes, la Russie, éclipsée récemment par l'échec du communisme, et l'Asie du Sud Est et le Moyen Orient, arabe, persan et turcophone - pas l'islam ou une autre religion. De grands ensembles culturels héritiers d'un passé très riche et complexe.

Évidemment, on peut appeler cela la mondialisation. On pourrait aussi parler de la fin de l'hégémonie coloniale et post-coloniale de l'Europe. Ou dire qu'il s'agit de deux façons d'analyser le même phénomène : mais parler de mondialisation, c'est en rester à la sphère économique et donc laisser entendre que les remèdes sont du ressort de l'économie, ou de la politique ordinaire qui parle avant tout d'économique.

Si on reconnaît l'explication la plus large, il faudrait procéder à un certain nombre d'aggionamento intellectuels. Par exemple, laisser ces cultures entrer au conseil de sécurité de l'ONU. Mettre sur en chantier - pour le XXII ème siècle ? - une redéfinition des nations, des frontières... Se demander aussi si la notion d'une nation impériale, qui gouverne de facto le monde entier comme le font encore un peu les Etats Unis après les tentatives de l'Allemagne, la domination de l'Angleterre après celle de la France des Bourbons et de Napoléon et de l'Espagne des Habsbourgs, gardera un sens ou en a encore un.  On fait de mauvais procès à la Chine en la soupçonnant de volontés hégémoniques qui ne sont pas du tout sa façon de pense,r me semble-t-il.

Repenser la démocratie, une idée moins européenne qu'il n'y parait puisque c'est un leg de la Grèce antique, à une échelle plus globale et moins ciblée sur des intérêts nationaux et régionaux.

Et peut-être redonner à des langues non-indoeuropeenne droit de cité : le chinois est bien route d'y parvenir, après l'échec du Japonais, mais quid de quelques langues indiennes d'Amérique du sud, indiennes de l'Inde, de l'arabe, du turc, du parsi ? Bien sûr, certaines de celles que j'ai citées sont indoeuropéennes...

Au niveau national, où le pouvoir va demeurer encore longtemps, il faut s'organiser pour accepter de faire la place à ces autres cultures sans recourir à des guerres ou des artifices de prise de pouvoir imposés aux autres, aux étrangers, aux barbares. Donc, plutôt que de dénoncer par la bouche des syndicats le dumping social des autres, dénoncer le "dumping" de niveau de vie et d'intensité énergétique (de matières premières, etc.) des pays riches - principe qui a organisé le monde pour que les pays à bas salaires livrent aux pays riches les produits qu'eux-mêmes ne peuvent se payer - dans les sphères industrielle et agricole!

Une des conséquences de cette rupture de paradigme est la paupérisation d'une partie de la classe moyenne des pays riches et le renforcement de la richesse des ploutocrates.

Il faudrait donc penser de nouvelles formes d'état providence (la seule vraie raison d'être des états ?) comme des allocations pauvreté complétant ou remplaçant l'allocation chômage.  Cf. les revenus citoyens des doctrines post-socialistes, comme l'économie distributive de Jacques Baudouin.

Et aller chercher dans la poche des riches l'argent qui s'y trouvent. Les états de nos sociétés laïques sont là pour organiser cela, mais les religions ne pourraient-elles pas aussi parler dans ce domaine ? Ca s'appelait la charité, l'aumône, dans les religions issues de la Bible mais aussi du Boudhisme. Pas nécessairement le don à des fondations richissime et donc le droit de choisir comment l'argent qu'on veut soustraire au fisc sans le garder pour soi est utilisé ?

Etc, la boite à idées et la machine à repenser les choses sont prêtes à tourner à plein régime...










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