vendredi 30 novembre 2012

Florange, clap final ?


C'était une vraie surprise la déclaration de Ayrault à 2131 hier, annonçant la fin de l'histoire de Florange, de l'épisode actuel. Croyez-moi, moi qui rentrais d'une réunion où on avait travaillé sur le sujet à Paris et qui me sentais au cinquantième dessous, avec la perspective d'une galère sans fin autour de l'avenir d'ULCOS...

Le premier ministre a donc annoncé que AM ne ferme pas ses hauts fourneaux de Florange. Ils ne sont pas non plus redémarrés pour l'instant, mais on prépare leur redémarrage, quand la reprise qu'on attend comme sœur Anne arrivera et on va le faire sur la base d'un fonctionnement ULCOS. De toute façon, il n'y avait pas de repreneur sérieux.

 Si on croit à tout cela, si on attend encore quelques détails - du genre que va faire le personnel du"chaud" de Florange pendant cet arrêt qui dure déjà depuis 18 mois, encore du chômage technique ? - on a l'impression d'un superbe compromis, un vrai cas d'école où il n'y a pas de perdants, où l'essentiel est préservé, où on tient compte des réalités et où on regarde l'avenir avec pragmatisme et un brin de sérieux. Ouah, il y a de très bons négociateurs autour du premier ministre !!!

Les gens sont surpris, comme les inséparables syndicalistes devenus des bêtes de TV et le non moins indécrottable Copé, c'est normal, on vient d'inventer quelque chose de vraiment neuf et original, une sortie de crise par le haut. Plutôt une bonne nouvelle qu'une raison de plus de râler... Les râleurs se repèrent assez bien et ne sont pas dans le bon camp!

Le gouvernement évite de faire une incongruité absolue, une nationalisation en 2012, alors que la crise est au plus bas du creux  et qu'il n'y a pas vraiment d'industriel sérieux en situation de reprendre Florange. Il assure les emplois des gens de Florange et il parle du changement climatique en cautionnant une action qui est l'un des trucs les plus couillus qu'on puisse imaginer aujourd'hui. Deux thèmes qui pourront servir de caisse de résonance à l'avenir pour sa com ou mieux, pour son bilan.

Côté AM, les fourneaux de Florange étaient une épine dans le pied. Maintenus en arrêt depuis très longtemps, à grands frais pour l'état (qui paie les indemnités de chômage partiel) et pour le groupe qui maintient les cowpers en chauffe, alors que la crise perdure et que l'embellie ou la sortie de la crise ne vient pas, leur fermeture était inscrite dans un certain réalisme des affaires. C'était aussi un coup de canif ou de sabre dans l'image lisse du groupe sidérurgique. Les fourneaux ne redémarrent toujours pas, personne ne les redémarrerait aujourd'hui !, mais on ne les euthanasie pas non plus. L'encéphalogramme de l'économie n'est pas plat. L'Europe et son économie vont un jour se réveiller!

Côté climat, la perspective de faire ULCOS est une gigantesque bouffée d'oxygène pour ceux qui pensent que le CCS est une solution nécessaire pour sauver la planète. Et une décision formidablement couillue, une vraie première mondiale. Tous les protagonistes pourront s'en réclamer, AM, le gouvernement français, la Commission européenne... et tous les braves gens de la planète aussi.  Là aussi production de bonne image à venir et un grand pas pour l'homme! Accessoirement, un pied de nez à la plateforme ZEP, pour les connaisseurs.

ll va être plus facile demain d'avancer, alors qu'on est certain d'aller dans la bonne direction, dans une direction qui est bonne pour de multiples raisons.

Voilà pourquoi ce compromis est un exemple à enseigner dans les écoles de sciences politiques à l'avenir.

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