lundi 28 octobre 2013

Prospective contre politique... (14/09/2012)

La gauche au pouvoir annonce et décide en matière de questions environnementales (ouverture des journées de l'environnement par F. Hollande, le 14 septembre 2012).

Formidable, dirais-je, à l'aune du désir mille fois affiché ici qu'on se bouge sur les dossiers environnementaux au lieu de parler d'autre choses réputées plus urgentes ou plus au coeur des préoccupations des gens.

Mais le compte n'y est pas. Les questions ciblées par le président (Fessenheim, gaz de schiste) ne sont pas nécessairement les plus importantes ou les décisions annoncées ne sont pas les plus raisonnables ! 

Passons par un détour. Pendant que Mme Taubira prépare la loi sur le mariage homosexuel, une maire brésilienne célèbre un mariage à trois, deux femmes, un homme.  Qu'en penser ? Rien, sinon que la loi doit permettre à la société de fonctionner comme elle l'entend, elle doit prendre acte de ce qui s'y passe vraiment pour l'aider à bien fonctionner en lui donnant le cadre légal dans lequel son fonctionnement s'inscrit. 

On pourrait même imaginer qu'elle l'anticipe ? Quand elle fait cela, et c'est assez rare, on se trouve dans des conditions révolutionnaires.  

Va-t-on vers des mariages multiples, avec des animaux, entre parents capables d'un consentement ? Le PACS permet une partie de cela. Quels sont les tabous qui vont tomber, parce que nous ne vivons plus dans de petites tribus d'éleveurs ou de petites cités maritimes de l'Ouest de la Méditerranée ?

En matière d'environnement, l'environnement n'est pas une fin en soi. De même que l'économie n'en est pas une non plus, ni le travail... La nature et l'anthroposphère se rencontrent, avec puissance sinon violence. C'est ce rapport, cette tension, qu'il faut gérer.

Très bien. Passons à l'application au gaz de shiste. La société, l'anthroposphère, a pour mission essentielle de laisser vivre les gens qui la compose, en nombres qui lui échappent largement - même si la société elle-même est à l'origine de ces nombres. Pour y parvenir, elle a besoin d'énergie, car les hommes vivent dans une sphère, qui a construit un cocon pour l'isoler, la protéger de la nature, grâce à des bâtiments, des villes, des artefacts variés et de toute taille.  Les grands nombres qui composent aujourd'hui l'humanité et façonnent sa façon de vivre (au moins celle de la fameuse classe moyenne mondialisée) proviennent en particulier d'une intensité en énergie (e.g. MJ/capita) qui ne coûte pas cher, relativement beaucoup d'énergie, parce qu'elle ne coûte, ne coûtait pas cher. 

Le prix de l'énergie est un prix de marché - malgré l'OPEP et autres cartels, malgré les taxes.  Il reflète une certaine rareté. 

On a pensé longtemps que l'énergie habituelle se raréfiait, que le pic de pétrole était devant nous, derrière nous, juste sous nos pieds.  Mais l'énergie n'est pas que le pétrole, loin s'en faut. Il y a aussi les énergies renouvelables, diraient les écologistes, l'énergie nucléaire, diraient d'autres... et le  gaz naturel.  Sans oublier les économies d'énergie, qui se mesurent en néga-joules.  Ni les énergies peu développées comme la géothermie du sol et de la mer, pratiquement en jachère bien qu'elles soient infinies !

Or le gaz est beaucoup plus abondant qu'on ne le pensait. De fait, ces questions de ressources sont complexes et très mal connues et on a longtemps classé la partie la moins analysée de ces ressources dans une classe à part, les ressources non conventionnelles.

Faisons simple. le gaz de schiste fait partie de la panoplie potentielle d'énergie dont le bien être de beaucoup dépend. Derrière le gaz de schiste, il y a aura peut-être le gaz de clathrate, des équipes travaillent là-dessus, elle vont peut-être exhiber des solides utiles. On doit donc s'interroger sur la façon de l'exploiter sans trop de dommage par ailleurs pour l'environnement. Interdire même d'y penser ou de faire de la recherche dessus est idiot, ou carrément fasciste, si, si, fasciste !

Les raisonnement du genre, "exploiter le gaz de schiste c'est s'interdire de mettre en oeuvre des économies d'énergie" est un sophisme, qui est la base de toutes les déviances totalitaires. Je peux manger un chocolat et modérer les calories que j'ingère ! Etc.

Donc les Verts, qui pensent tout autre chose qu'écologie, donc un jeu de puissance qui les regarde mais qui m'indiffère, doivent passer à un discours moins radical. C'est d'ailleurs la seule chance qu'ils aient de parler un jour à un plus grand nombre.

Les entreprises, qui font semblant  de ne pas écouter les craintes des uns et des autres sont aussi des apprentis sorciers.

Enfin ceux qui brandissent le principe de précaution, comme si c'était la nouvelle bible, alors que c'est un réflexe plutôt européen, et encore plus profondément français, un réflexe d'angoisse, de peur et, in fine, de peu de courage ! devraient penser trois fois leur langue dans leur bouche avant de s'exprimer. 

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