dimanche 22 novembre 2015

Les attentats du 13 novembre, Daesh et le Moyen Orient

Je crois qu'on n'avait pas bien compris ce qu'était la mondialisation, jusqu’ici.

Ce n'est pas seulement une astuce pour les grandes entreprises pour générer du chiffre d'affaire dans le monde entier, en profitant de sa croissance quand les pays occidentaux stagnent et en jouant des effets d'échelle et des coûts quasi nuls des transports transcontinentaux en masse - parce que la mer ne fait pas payer de droit de passage, même si on la pollue irrémédiablement en passant !

C'est aussi une façon d'annuler les distances entre les sociétés riches, bien pensantes et sûres d'elle mêmes et de leurs valeurs, et le reste du monde, où la brutalité, la pauvreté et le pouvoir de quelques uns rendent la vie difficile voire presqu'impossible. Des gens de là-bas ont trouvé le moyen d'importer ici, chez nous qui n'avons rien demandé, n'est-ce pas, leurs problèmes, leur violences et leur exaspération. Exaspération est probablement un bien faible mot, compte tenu des centaines de milliers de morts que cela entraine dans l'indifférence des média occidentaux, de la pauvreté rampante, de la domination de peuples entiers par des dirigeants légaux ou illégaux, qui ont usurpé le pouvoir, il y a longtemps, comme dans le Golfe et dans la plupart des pays arabes, ou moins longtemps, comme Daesh ou les régimes égyptien et yéménites.

La façon dont ce court-circuit entre les deux grandes régions du monde a été établi est assez étonnante.

Les extrémistes de là-bas ont profité des frustrations des ados et des jeunes gens de nos pays riches pour les associer à leur cause et à leur vision du monde, jusqu’à ce qu'ils mènent ces affreux attentats de Paris. Parmi ces jeunes, il y a à la fois des gamins des quartiers, en rupture de société, passés à la délinquance et qui ont été "radicalisés" comme on dit sans trop expliquer ce que ce mot explique d'opérationnel et de simples ados de "bonnes familles" qui passent leur crise d'hormones et partent en vrille de cette façon-là. La solution est vieille comme le monde et a été utilisé depuis des temps immémoriaux : c'est la religion, qui promet la justice aux hommes, sur cette terre ou au delà.

Sur la question de la religion, le débat est assez limité.

Les musulmans se contentent de dire que le Coran affirme que tuer un homme, c'est tuer l’humanité entière et donc que les "djihadistes" sont des hérétiques, de la pire espèce puisqu’ils ne savent pas lire les textes religieux correctement.

Du côté des chrétiens, il y a le Pape, qui donne un message de miséricorde pour l’accueil des réfugiés syriens, mais aussi les évangélistes américains, qui ne veulent accueillir personne et les catholiques de Pologne qui ne veulent n'accueillir que les Syriens chrétiens.

Et si le message des religions étaient globalement profondément pervers ? Je ne suis pas sûr d'y croire personnellement, mais au moins doit-on se poser la question. Il n'y a pas le moindre doute qu'il est pervers quand il pénètre dans le champ du politique. Chacun peut penser ou croire ce qu'il veut dans son cœur dans ce registre religieux, mais stop, pas plus loin.

Revenons-en au cœur du débat. Que veut vraiment Daesh ?

Je crois qu'ils veulent ramener le monde à 'état où il était dans le passé, au VIIè siècle disent les experts, en niant toute l'histoire qui s'est déroulée depuis et le développement d'un monde que l'occident a dominé politiquement, culturellement et intellectuellement depuis la fin du Moyen Age. Ce que nous appelions jadis le progrès de la civilisation, avec certains excès que nous regrettons, comme la colonisation du monde, mais des avancées formidables comme la démocratie, la création de classes moyennes affluentes et l'arrière-plan technologique qui est sensé avoir rendu tout cela possible.

L'histoire contemporaine est d'ailleurs une volonté universelle de revenir au passé, pas toujours en en faisant table rase comme le souhaite Daesh, mais en rétablissant des équilibres entre grandes cultures qui ont été détruits en faveur de la "civilisation" occidentale. En l'an 100, Rome et Pékin comptaient chacun un million d'habitants, et la Chine moderne est la remise en place de ce lointain équilibre oublié pendant plusieurs siècle.

Le mouvement de fond, au moyen orient, relève je crois de la même logique : redonner aux peuples et aux cultures qui ont une épaisseur historique une place dans le concert des nations. Tant que les chiites en Irak voudront dominer les sunnites, qui les avaient la fois d'avant dominés, on nourrira Daesh. Tant que les salafistes se sentirent proches de sunnites de Daesh, même s'ils n'approuvent pas tous son extrémisme, tant que les frères musulmans seront massacrés ou exécutés, tant que les flamands et les wallons ne se supporteront pas, tant que les arméniens, tant que les kurdes, tant que le Tutsi, etc... Ne pas oublier les basques, les corses, les écossais, les catalans, etc.

Il y a un besoin urgent de trouver les moyens de faire exister des peuples en imaginant d'autres frontières que celles que l'ONU a sanctuarisées. Sans passer par la guerre pour y arriver.

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